Le président du parti Comores Alternatives, Said Ahmed Said Abdillah, dans cet entretien pointe encore du doigt la politique d’Azali Assoumani. Revenant sur la fête nationale du 6 juillet, il a affirmé que l’indépendance des Comores est inachevée. Il appelle ainsi l’opposition à unifier leurs forces et frapper d’un seul coup fatal leur ennemi commun.
Le président Azali Assoumani s’apprête à un remaniement gouvernemental après son investiture pour un troisième mandat successif. Qu’attendez-vous de ce prochain gouvernement?
Je dois vous rappeler que pour moi et notre parti politique, Comores Alternatives, il n’y a pas eu des élections présidentielles et ni celles des gouverneurs aux Comores. Azali Assoumani a organisé ses mascarades électorales et s’est proclamé élu avec ses cailloux-qui n’auraient même pas pu être élus par leurs propres familles respectives et surtout pas dans leurs villes ou régions d’origine. En agissant de cette manière- faire des mascarades électorales et une funeste investiture avec des invités qui lui ressemblent à tout égard – il a non seulement humilié le peuple comorien, surtout nous qui nous disons politiciens mais aussi il nous a défié. Un défi que chaque politicien digne de ce nom doit relever par le sang et laver l’humiliation que le peuple comorien a subi par le sang. Vous me parlez d’un gouvernement, dans un pays qui a été totalement détruit et où l’État a été réduit à Azali Assoumani. Le peuple comorien est conscient et éveillé, il n’attend rien d’Azali Assoumani que plus de malheur et de misère. Il va officialiser la mainmise depuis plus de huit ans de l’État comorien par sa famille en les attribuant des titres des ministres et en y ajoutant quelques courtisans de renom et certains politiciens de ventres creux.
Certains membres de l’opposition appellent à un dialogue national et d’autres à un gouvernement d’union nationale. Dans quelle approche vous vous positionnez ?
Je trouve ces deux options lamentables et irresponsables de la part de certains politiciens de l’opposition Comorienne. Dès le début, on voit que l’opposition politique contre le régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani est multiforme mais l’objectif est unique le départ du régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani. Mais Azali Assoumani avec l’aide de son maître – l’ancien colonisateur – a su créer une opposition à lui qui lui est compatible et qu’il veut faire valoir comme le vrai et unique représentant de l’autre classe politique comorienne contre son régime. Et cela le peuple comorien commence à s’en apercevoir et se méfie en ayant à l’esprit qu’être candidat aux élections quelques… ne constitue pas une légitimité de lutte politique ou une forme de parti politique. Il y a parmi eux d’ailleurs qui ont été investis par des partis politiques. Réduire l’opposition politique Comorienne à ceux qui ont opté de suivre la voie qu’Azali Assoumani a tracée et préparée, est une insulte au peuple comorien qui a boycotté les mascarades électorales à 84 %. Par ailleurs, vous parlez de dialogue avec qui et pour avoir quoi ? On ne peut pas dialoguer avec une personne qui n’a ni parole, ni dignité et surtout aucun sens de l’amour de notre pays. Celui qui a oublié ou ignore les actes et les engagements d’Azali Assoumani qu’il médite sur le sort qu’il a réservé à l’ancien président Mohamed Ahmed Abdallah Sambi, à Dr Salami et dernièrement au piège tendu au Dr Achmet. Ensuite on va dialoguer sur quoi et sur la base de quoi or Azali Assoumani a fait ses mascarades électorales et ses intronisations sans aucun obstacle majeur. Pourquoi et pour quelle crainte laquelle le poussera à se mettre à table pour dialoguer afin de donner à l’opposition comorienne quelques postes ministériels ? C’est une ineptie et stupidité grave de croire à ces genres d’âneries. On dialogue quand il y a une confrontation réelle et de force entre nous- de l’opposition Comorienne et ce régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani.
Quant au gouvernement d’union nationale à la tête duquel encore Azali Assoumani, c’est vraiment se moquer du monde. Azali Assoumani est le problème de notre pays et en aucune manière, il ne peut pas constituer une solution même partielle. C’est pour vous dire que nous nous situons parmi les gens engagés à combattre ce régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani par d’autres voies que celles les deux- que vous avez cité, qui ne sont que des manières à se courber et à prolonger les misères du peuple comorien. Nous menons un combat contre le régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani- sans aucun compromis ni répit-jusqu’à l’instauration d’un gouvernement d’union nationale de transition qui remettrait, entre autres, les institutions fiables et stables pour notre pays. La bataille n’est pas perdue et nous devons, en aucun cas et sous aucun prétexte relâcher le combat ou nous décourager. Notre pays n’a aucun recours et ni secours que nous – enfants, jeune, vieux, homme et femme Comoriens. Ce régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani ne veut que tuer la seule chose que nous possédons, notre dignité et notre pays. Rien n’est acquis d’avance et c’est à nous de le bâtir et de le construire ensemble.
Les Comores célèbrent le 06 juillet prochain leurs 49 ans d’indépendance. Quel bilan dressez-vous de toutes ces années post coloniales ?
Je dois d’abord vous préciser que l’indépendance des Comores est inachevée. Elle est inachevée du fait de l’occupation par la France d’une partie de notre territoire national, Mayotte. Elle est aussi inachevée du fait que nous continuons à vivre sous la base d’une monnaie coloniale- qui bloque tous les moyens de développement économique et social de notre pays – anciennement appelée franc colonie française d’Afrique( C.F.A ) et aujourd’hui dénommée franc comorien pour nous duper. Nos aînés en politique ont fait leur devoir le plus noble en arrachant l’indépendance à la France sur la base de quatre îles, Mayotte, Anjouan, Moheli et Grande Comore. Aujourd’hui nous allons fêter notre 49 ème anniversaire de l’indépendance et le pays jusqu’alors n’a pas avancé du point de vue de l’économie mais a plutôt reculé plus en arrière. Ce retard n’est pas dû à l’indépendance mais à l’absence d’une part de visions politiques et d’autre part de patriotisme de nos dirigeants politiques-surtout de la nouvelle génération. Cette génération en question, corrompue et imprégnée plus de traîtrise que du patriotisme, dirigée par Azali Assoumani qui a tout détruit en commençant par l’éducation nationale, nous fait perdre à jamais Mayotte pour satisfaire ses maîtres de la Françafrique en détruisant l’unité des Comores. Après ces deux points, ils ont détruit l’État et l’administration. Il ne reste au pays qu’Azali Assoumani et sa famille. C’est le macabre objectif du régime d’Azali Assoumani qui se résume de tout détruire ce qui concerne les Comores.
Quelle est votre appréciation suite au prix décerné à Azali Assoumani lors du forum des Crans Montana à Bruxelles ?
C’est une fondation qui a besoin de fond et Azali Assoumani a fait un don inimaginable pour un dirigeant d’un pays qui a du mal à importer un cargaison de riz pour son peuple et à construire un hôpital- de 5 étages- pendant huit ans. Comme la vie et le quotidien du citoyen lambda comorien ne font à aucun moment une de ses préoccupations, il est prêt à tout pour paraître, juste être vu. Or il oublie que le monde est petit et l’observe et tout se sait et c’est connu et même ceux qui sont venus à son intronisation ont pitié du pauvre peuple comorien et en ont parlé autour d’eux. L’un des présidents invités a qualifié Azali Assoumani d’un Bokassa empereur de Centrafrique comme l’avait fait sur les Ondes le feu ancien premier ministre Abbas Djoussouf à la veille du coup d’état du 30 avril 1999 qualifiant Azali Assoumani de « petit Bokassa ». Il avait raison peut-être avant les autres.
Votre dernier mot.
Mes derniers mots vont à mes frères et sœurs de l’opposition politique Comorienne. Nous devons méditer ce qui vient de se réaliser par la gauche en France. En quatre jours, elle a pu unifier toutes les forces de la gauche à se mettre ensemble pour mener un front contre le régime du président Emmanuel Macron et l’extrême droite. Si aujourd’hui le régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani est encore debout c’est uniquement par notre faute à nous, pas au peuple comorien, mais à nous qui nous disons de politique, en ne pensant qu’à notre égo et chacun de nous avec son chapelet se croit être capable de se mettre devant et vouloir diriger les autres. Un chef ne se décrète pas mais il s’impose ou il est imposé par d’autres. Nous devons nous ressaisir et profiter de ce moment propice d’incertitude dans certains cieux pour unifier nos forces et frapper d’un seul coup fatal notre ennemi commun. La paix est à celui qui suit la bonne voie.
Propos recueillis par KDBA