ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Mlango 24

Il ne suffit pas d’acheter une centrale faussement neuve –comme le pensent certains – pour espérer résoudre le problème. « Les coupures de plus en plus fréquentes constatées, ces derniers temps sans électricité (tour des régions et quartiers) sont de plus en plus longues depuis vendredi et continueront à subir des délestages  durant  une période de 45 jours pour des raisons de maintenance de nos centrales thermiques qui fournissent actuellement moins de la puissance demandée.»

SONOLEC : Incompétents et Intouchables.

C’est un bien triste anniversaire que l’Etat comorien s’apprête à célébrer. Un anniversaire avec pleins de bougies et pas du tout de courant électrique. Le courant n’est plus. Il va être difficile de faire campagne sur une centrale thermique qui ne cesse de démontrer ses limites. Le père autoproclamé de la lumière risque d’avoir du plomb dans l’aile. Difficile de continuer le mensonge. AZALI-II a suivi la même démarche qu’AZALI-I et on s’étonne que ça ne fonctionne toujours pas.

On continuera de s’endetter, encore et encore, pour acquérir d’autres moteurs, pour pallier l’urgence. Et si l’urgence était ailleurs ?
Le couperet est tombé mardi dernier (05/02), sous forme de communiqué : « Nous comptons procéder à une distribution rotative de l’électricité uniquement pendant la journée et comptons mettre en place une publication d’un programme de distribution périodique dans les périphériques en conformité de la puissance disponible ». Un communiqué venu confirmer les craintes des usagers, de faire un bon de deux ans en arrière. Hélas ! Désormais, c’est le noir total. En réalité depuis plus de deux mois, les régions étaient fortement délestées, parfois  durant plusieurs jours d’affilés. Chômage technique pour beaucoup de salariés du privé et du public. Les fichiers PDF de certains journaux de la place, ne sont plus distribués aux abonnées et on termine avec la SONEDE qui accuse son cousin la SONOLEC d’être l’origine de la pénurie d’eau qui s’intensifie dans la capitale et ses environs.

 

Cette nouvelle crise n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé après AZALI-I. Il n’a pas fallu beaucoup de temps, après que l’Etat se soit endetté pour équiper la Mamwé, pour  que le problème de la fourniture de l’électricité et de l’eau s’intensifie. Aujourd’hui, le gouvernement n’a même pas eu le temps de finir son mandat, que la nouvelle centrale, acquise dans un flou artistique (non-respect de la loi sur les marchés publics), pour pallier à l’urgence – nous dit-on – commence à montrer des limites. Des questions légitimes se posent, notamment sur la véracité de l’état de la centrale, censée être neuve. Sur le manque d’entretien des moteurs et sur les capacités techniques des employés. Nos techniciens et ingénieurs, sont-ils à la hauteur ? Les recrutements, sont-ils adaptés ? Le manque de ressource qualifiée n’est-il pas la vraie cause des crises à répétition dans cette société ? Ne manque-t-il pas de formation continue pour les employés ? Même s’il faut signaler que la société française (Atelier de Mécanique des Pertuis), chargée de la maintenance de  le « nouvelle centrale » devait, dans son contrat, former des agents de la Mamwe. Contrat qui est arrivé à terme et qui ne sera vraisemblablement reconduit. Mamwe, puis la SONELEC devrait plus de 500 millions de nos francs à la société française de maintenance, selon une information publiée par le Quotidien Masiwa en décembre dernier.

 

Toujours est-il qu’une  bonne gestion commence par accepter de changer de stratégie quand celle jusqu’ici utilisée ne fonctionne pas. Il est peut-être temps de faire autrement. Changer de moteur, encore et encore ne résout pas et ne résoudra pas le problème. Sans un entretien qualitatif, tout le parc de la SONELEC, va continuer à s’éteindre, et cela, qu’importe les investissements qu’on y mettra, pour racheter d’autre moteurs d’occasions, encore plus puissants. Nous devrions avant tout avoir des ressources qualifiées pour assurer l’entretien. L’entretien coûtant cher, avoir surtout une gestion saine de la société pour espérer le faire en temps et en heure, la Mamwe enchainant les scandales financiers à répétition. Il appartient donc à nos politiques et aux responsables de la société susmentionnée, d’orienter les investissements dans la formation continue. Elle est peut-être là la magie. Celle qui redonnera de l’électricité et de l’eau à toute la population.


Le communiqué nous apprend que cette situation était prévisible : « Les régions subissent des coupures généralisées puisque les groupes sont maintenant sollicités au-delà de ce qu’ils sont en mesure d’offrir ». Pourquoi la société d’Etat a-t-elle attendu aussi longtemps pour procéder à la révision des groupes électrogènes ? Et comment a-t-on pu laisser pourrir la situation jusqu’à en arriver là, alors que comme le précise le communiqué, ceci est dû au « dépassement de ses horaires et de maintenance ».  Gouverner c’est prévoir et on aurait du mal à croire et à comprendre que les responsables de la SONELEC n’étaient pas au courant de ce qui était en train de se passer. Que pousser à fond les moteurs sans entretien, ne pouvait que les affaiblir. Nous attendons donc les sanctions adéquates, comme ce fut le cas contre la secrétaire générale du ministère de la Santé, qui a signé l’autorisation de production et d’exportation de « bangue » depuis nos iles. Sauf si à la SONELEC, les responsables sont intouchables, protégés par ceux qui sont plus haut. En attendant, soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.

 

Khaled SIMBA

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