Le toirab comorien a fait ses grands pas dans les musiques traditionnelles comoriennes en l’an 60. Au fil du temps, le toirab d’origine africaine (Afrique de l’Est) est et reste le style de musique le plus convoité par les anciens et la nouvelle génération des chanteurs comoriens. Une musique qui serait une fierté et un patrimoine national connu de tous. A Anjouan, le toirab est plus admiré de son style. Reportage.

Le toirab traverse le temps et se renouvèle. « La musique traditionnelle nous a longuement bercée dans nos moments de solitudes et nous a enthousiasmée dans nos moments de célébrations de mariages. C’est des rimes et des mélodies ancrées en nous depuis plusieurs générations. Et cela me réjouis de voir nos traditions patrimoniales se préserver au fil du temps », a manifesté Sitti Ahmed avant d’ajouter que « dans nos festivités de mariages, le toirab fait partie de nos traditions. Des hommes et des femmes, des grands et des jeunes en tenue traditionnelle et\ou moderne dansent et chantent au rythme de la joie et de la convivialité. »
« Le toirab, une fierté pour le peuple comorien surtout les anjouanais »
Des anciens et de nouveaux artistes font vivre le toirab anjouanais. « Qui n’a pas dansé du toirab dans les grandes cérémonies de mariages depuis plusieurs générations ? Grâce à des artistes comme Omar Fadjou, Moussa, Nobatene, Bacar Dossar, Marie Mahamoud, Foudhoiyla Chadi, Anfia Zanfa passant par Halidi et Abou Daniel et maintenant, la nouvelle génération se compose de Tiham Assane, Koudroine Mohamed, Nadia Ahmed, ou même Hikmat Abdallah…, nous avons dansé. Tous les comoriens se défoulent désormais sur les classiques du groupe Saif Al Watwan, Mahaba El Watoine et les autres. Une musique connue en Afrique et en France par la diaspora qui en mette lors des grands mariages. Le toirab devient une identité, une fierté du peuple comorien surtout les anjouanais », a-t-elle souligné.
La nouvelle génération de musiciens se popularise dans les pionniers des musiques traditionnelles et culturelles comme les titres d’Omar Fadjou, Madjoma, eux même auteurs, compositeurs, chanteurs. Et à ne pas confondre avec le « Kandza », « Chigoma », issu d’autres origines et styles de musiques culturelles de notre pays.
Quant à la nouvelle génération d’artistes, notamment Koudroine Mohamed, le toirab a fourni les atouts nécessaires pour sa carrière. « Quand je me suis lancé dans le monde de la musique, je n’étais pas connu et c’est grâce au toirab que j’ai pu me lancer dans ma carrière musicale. Maintenant, j’ai mes propres compositions musicales et je voudrais bien évidemment partager des disques avec des artistes comme Salim Ali Amir, Bacar Dossar et d’autres grands artistes », se réjouit Koudroine Mohamed.
Saif El watoine, la « star » du toirab à Anjouan
Créé avant les années 1950, le groupe Saif El watoine est la « star » de la chanson comorienne sur l’île d’Anjouan et partout aux Comores, par le célèbre chanteur, auteur et compositeur comoriens, le feu Omar Fadjou etc. Le toirab incorpore des sonorités contemporaines avec des grands tubes comme « Djamila », « Pendo », « Chadia », « Midjadala », et une centaine d’autres.
Apparu aux Comores dans les années 1960, le toirab est dérive du taarab (de l’arabe tariba qui signifie être ému), qui s’est développé à la fin du 19ème siècle dans les sultanats de la côte Est africaine (Zanzibar, Mombasa, Dar es-Salaam, Comores etc.)
La scène musicale comorienne qui connaît donc une profonde mutation dans les années 60, avec le retour massif des comoriens immigrés en Tanzanie, et notamment à Zanzibar, qui rapportent avec eux le toirab. À l’origine, chanté en arabe puis en kiswahili, ce genre est bientôt adopté dans tout l’archipel des Comores. Il est intégré aux cérémonies du grand mariage et, poussé par les autorités, certains auteurs se mettent à écrire des chansons de toirab en comorien d’où la création des groupes comme Saif El watoine, Joujou, Zamzam Rose, Toima, et autres.
Ahmed Zaidou