ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Moindjié Mohamed Moussa : « Je n’ai rien entrepris de personnel »

Au cours d’une interview accordée hier à Al-fajr, le ministre sortant de l’éducation nationale, Moindjié Mohamed Moussa dresse un tableau pendant qu’il était confié le ministère de l’éducation nationale. L’ancien ministre est revenu sur les cycles d’apprentissage intégrés, l’apprentissage et l’usage des langues dans le système scolaire.

Durant votre mandat à la tête du ministère, quelle sont les actions entreprises?

Si par mandat, vous attendez, la période durant laquelle j’ai officié en qualité de ministre de l’éducation nationale, je vous dirai que je n’ai rien entrepris de personnel. Un ministère est une institution où travaillent de nombreux hommes et femmes et tout ce qui s’y fait est le résultat des efforts conjugués de ces braves personnes. Avec elles, j’ai eu à gérer deux grands moments. D’abord la transition institutionnelle pour se conformer à la constitution révisée de 2018 étant entendue que le secteur éducatif est le plus négativement impacté par la crise séparatiste en raison d’un pilotage dispersé et différencié entre les iles autonomes et l’Union. Comme on sait que le ministère de l’éducation nationale est le plus étendu des ministères sur le territoire national, on peut bien imaginer ce que cela représente en termes de mobilisation et d’adaptation des acteurs. Entretemps, la pandémie de la covid-19 a fait irruption. La reprise en main dès le début de la crise, de la gestion des opérations anticovid-19 par le commandant en chef de la nation, Azali Assoumani, a largement facilité les interventions des uns et des autres et a permis au secteur éducatif d’accomplir ses missions. Ce ministère a alors réussi à accompagner, à domicile, les apprenants pendant la fermeture des établissements à travers le télé-enseignement, valider l’année scolaire 2019-2020 et organiser les examens de cette année scolaire en présentiel tout en protégeant la communauté éducative de la contagion à la covid-19. Il a eu également à garantir la continuité pédagogique durant ces deux années dans un cadre de crise sanitaire devenue chronique. En même temps, le ministère de l’éducation nationale a eu à se conformer aux orientations structurelles de développement économique et social, inclusif, durable et accéléré du pays qui ont fait de l’éducation nationale la locomotive de l’émergence à l’horizon 2030 et la révision de la loi d’orientation de l’éducation nationale a posé les bases   des réformes majeures à entreprendre dans notre système éducatif.

Pouvez-vous nous citer quelques cycles intégrés ?

De nouveaux cycles d’apprentissage sont dorénavant intégrés dans ce système à commencer par le préélémentaire qui tend progressivement à inclure l’école coranique traditionnelle dans le système éducatif national. C’est un passage obligé pour les nations islamiques en développement qui cherchent à se projeter vers la modernité tout en conservant jalousement ce qui leur est fondamental, la religion musulmane, et la mettre à l’abri des “inventions”. Au préélémentaire donc, on apprendra en arabe sur une forte base religieuse.

Et l’apprentissage et l’usage des langues française, arabe et anglaise dans le système scolaire ?

L’enseignement technique et professionnel était régi par une approche projets ce qui ne permettait au pays de disposer en permanence d’une main d’œuvre qualifiée pour les besoins de son économie. Par la nouvelle loi d’orientation, ce cycle fait partie intégrante du système éducatif et sera financé en permanence par le budget de l’Etat. L’apprentissage et l’usage des langues françaises, arabe et anglaise dans le système scolaire est rendu obligatoire dès le primaire ce qui ouvrira de larges perspectives d’épanouissement aux futures générations de comoriennes. L’enseignement supérieur et la recherche sont, plus que jamais, mis au service du développement économique et social du pays et la catégorie socioprofessionnelle d’enseignants-chercheurs est appelée à jouer pleinement son rôle de catalyseur du développement de la Nation. Pour accompagner les réformes du système éducatif national, l’Etat a mis les moyens et plus de 70 millions d’euros serviront à les financer.

Vous avez des regrets par rapport à vos fonctions de ministre?

Des regrets, non. Une reconnaissance et une gratitude infinie à ce grand homme d’état qui m’a permis de servir mon pays à ce niveau-ci. Vous savez, jeune, j’ai quitté une situation qui m’aurait été plus confortable pour venir servir mon pays et Azali Assoumani vient de me donner publiquement raison.

Comment avez-vous pris votre remplacement?

On ne fait pas carrière de ministre et un collègue a même dit que c’est un contrat à durée déterminée de 24 heures. L’essentiel c’est de le savoir et y mettre le meilleur de soi-même.

Quels conseils donneriez-vous au nouveau ministre de l’éducation nationale?

C’est un battant, d’une culture de résultats élevée. Je lui souhaite bonne chance et lui garantis de mon soutien.

Propos recueillis par Kamal Saïd Abdou

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