ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Les autorités catholiques ont publié une feuille de route d’une vingtaine de points qui ne satisfait qu’à moitié les associations de victimes. Elles veulent un engagement clair pour que l’Eglise signale systématiquement les cas à la justice civile.

Comme pour un début de conclave, ils ont chanté ensemble un vieil hymne en latin, le Veni Creator, implorant Dieu de leur apporter sa lumière. Plus 200 évêques et cardinaux catholiques du monde entier sont réunis au Vatican jusqu’à dimanche pour un sommet historique sur la pédophilie dans l’Eglise, convoqué en septembre par le pape François. Ferme et grave, le chef de l’Eglise catholique a signifié, ce jeudi matin, au début des travaux, que c’était «des mesures concrètes» qui étaient désormais attendues. En préambule, les prélats ont écouté des témoignages préenregistrés de victimes. «Les participants ont été bouleversés. Même ceux qui déjà avaient rencontré des personnes ayant subi des abus», assure la porte-parole francophone du Vatican, Romilda Ferrauto.

L’un des messages forts que veut envoyer, ces jours-ci, le Vatican, c’est bien que l’Eglise catholique prend désormais totalement en compte les victimes. Ce qui n’a pas été le cas, loin de là, par le passé. Les travaux devraient aussi, selon des sources au Vatican, porter sur la manière de mettre fin au système d’omerta qui a prévalu, depuis plus d’une cinquantaine d’années, dans la gestion des affaires d’abus sexuels dans l’Eglise.

Base de réflexion

«Nous percevons la volonté de s’attaquer à la question», commente, à Libération Jacques Nuoffer, président de Sapec, une association de victimes en Suisse et membre de l’ONG international ECA (Ending Clergy Abuse), présente à Rome pendant le sommet.

Le Vatican a diffusé, jeudi après-midi, une feuille de route en 21 points qui sert de base de réflexion aux travaux. «C’est la méthode de travail de l’Eglise catholique, explique le prêtre français Pierre Vignon, spécialiste de la question des abus et des dérives sectaires. Ce qui est déjà satisfaisant, c’est que les 21 points balaient l’ensemble du problème

La feuille de route, voulue par le pape François, évoque, de fait, beaucoup de pistes, trop sans doute pour que cela ne soit, à ce stade, véritablement concret. Parmi les propositions figurent : une sélection plus stricte des candidats à la prêtrise, la nécessité de mettre en place des normes et des procédures lorsque des affaires éclatent, l’établissement de protocoles quand des évêques sont mis en cause pour leur gestion de ces affaires etc.

Conflits d’intérêts

«Ce que nous regrettons, c’est qu’il n’y ait pas encore de prise de position claire sur la nécessité d’une dénonciation systématique aux autorités judiciaires civiles», remarque Jacques Nuoffer. Pour Pierre Vignon, la feuille de route laisse encore trop de place à l’évêque dans la gestion des cas de pédophilie.

De plus en plus de responsables catholiques plaident pourtant pour une délocalisation des affaires afin que l’évêque concerné ne soit pas pris dans des conflits d’intérêts. «Le rôle que pourraient jouer les associations de victimes nous paraît encore très marginal dans les propositions du Vatican», pointe, pour sa part, Jacques Nuoffer.

L’une des difficultés du sommet au Vatican tient notamment à la diversité des situations à travers le monde. Les épiscopats ne marchent pas à la même vitesse concernant la question des abus sexuels. En Afrique ou en Asie, les responsables catholiques considèrent généralement que c’est un problème qui concerne exclusivement l’Occident.

Pas de mesures votées

«Il y a des facteurs culturels qui expliquent les différences d’approches, explique le prêtre Stéphane Joulain, l’un des meilleurs experts catholiques de ces questions de pédocriminalité. Les abus sexuels sont un problème, bien sûr. Mais les enfants en Afrique sont confrontés à beaucoup d’autres violences comme l’enrôlement forcé pour faire la guerre.»

Selon le Vatican, il n’y aura pas de mesures votées à la fin de ce sommet. En revanche, le pape François devrait prononcer, dimanche, après la messe prévue à la basilique Saint-Pierre. Un discours important en conclusion des travaux.

Source : Libération

Silhouette mondialement connue, le créateur de mode est mort mardi. L’inventeur des défilés-spectacles démesurés était aussi dessinateur, photographe et éditeur.

Karl Lagerfeld (c) Patrick Swirc

Avec Karl Lagerfeld, mort mardi 19 février, disparaît un personnage doublement public : le « kaiser » élitiste de mode et « Karl » l’icône pop et planétaire. Karl Lagerfeld, l’homme, lui, a disparu il y a bien longtemps, car son grand œuvre, ce ne sont pas ses collections de mode mais le (ou les) personnage(s) qu’il a bâti(s) au fil du temps. Forme de protection ou de politesse ? Propension à réécrire l’histoire selon ses propres termes ? En tout cas, ce sens de l’invention, de la ré-invention perpétuelle lui aura assuré la plus longue carrière de l’histoire de la mode.

La vie de Karl Lagerfeld est une marche en avant qui ne supporte pas la nostalgie. Le mystère qui entoure son année de naissance (1933, 1935 ?) est, à ce titre, autant un signe de vanité qu’un refus de se retourner. Son goût des aphorismes (dits aussi « karlismes ») est l’ultime écran de fumée, des esquives qui amusent ou qui choquent, c’est encore mieux. Quand on pense à lui, on pense à des objets : un éventail à une certaine époque, des lunettes fumées, un catogan, des mitaines, des diamants sur la cravate et des bagues en argent… les attributs d’un personnage qui a beaucoup joué à être son propre pygmalion.

Dans ce jeu de construction, l’enfance apparaît par fragments dans ses interviews, et d’anecdote en anecdote, on finit par pouvoir esquisser un certain portrait de l’enfant Lagerfeld. Ses parents sont comme des personnages de roman. D’origine suédoise, son père est un entrepreneur-bourlingueur, dont la passion des affaires triomphera de toutes les vicissitudes de l’histoire : ruiné trois fois, il finira par acheter un vaste domaine agricole près de Hambourg et fera fortune en important en Europe le lait condensé Gloria. Sa mère est une sorte d’héroïne élégante et glaciale que l’on verrait davantage poser pour un portrait de John Singer Sargent que cajoler un enfant : musicienne, folle de haute couture, elle écume les salons parisiens de Piguet, Doucet et Vionnet.

Source : Le Monde

Le verdict est tombé dans la nuit : sept condamnations à la prison à vie pour ceux qui ont participé aux attentats perpétrés au musée du Bardo et dans un hôtel de Sousse. Soixante touristes y avaient été assassinés.

Retour sur une année noire et ses conséquences. Presque quatre ans après les faits, justice est faite. Après une longue procédure, entachée de frictions avec les avocats des victimes étrangères, les magistrats ont refermé la page sanglante des attentats de 2015. Après un an et demi d’audiences, Sofiene Sliti, le porte-parole du parquet, a indiqué au creux de la nuit que sept djihadistes avaient été condamnés à la perpétuité, que d’autres sentences variaient entre seize années et six mois de prison et que vingt-sept prévenus bénéficiaient d’un non-lieu. Les motifs justifiant les peines : « homicide volontaire », « participation à des homicides volontaires » et « agression visant à changer l’aspect civil de l’État ». Le parquet a fait appel de ces décisions. Au-delà du caractère pénal, ces deux verdicts permettent au pays de solder un passé très récent, très douloureux.

 

18 mars 2015 : 21 touristes exécutés au Bardo 

 

Après plusieurs années de terrorisme intérieur, principalement dans les gouvernorats du Centre (Kasserine), terrorisme qui tua plus d’une centaine de militaires et de policiers depuis 2011, la Tunisie démocratique se trouve abruptement confrontée à son premier choc terroriste d’envergure internationale. Deux jeunes hommes entrent tranquillement dans l’enceinte du musée, la sécurité est absente – par nonchalance – ce jour-là, et tirent, salle après salle, sur un groupe de croisiéristes arrivé le matin même. Vingt et un touristes étrangers et un policier tunisien sont assassinés. Quarante-cinq blessés réchapperont de la tuerie. Les deux terroristes sont abattus par l’unité d’élite de la garde nationale. Unité qui sauvera des dizaines de vies par son intervention durant l’attaque. Neuf pays comptent des victimes. Le président Essebsi explique au Point, quelques jours après le Bardo : « S’il y a une deuxième attaque, ce serait fatal pour l’économie du pays. » D’ordinaire économe de ses émotions, BCE confie avoir été secoué. Le tourisme, l’un des deux moteurs du pays pour la rentrée de devises, commence à chuter. Trois des accusés ont été condamnés aujourd’hui à la prison à vie, dix ont bénéficié d’un non-lieu.

 

26 juin 2015 : 38 touristes assassinés sous le soleil de Sousse

 

Le jeune homme marche en solitaire sur la plage bondée de Sousse. Il se dirige vers le Riu Mahraba Hôtel. Seifeddine Rezgui fait ses études supérieures à Kairouan. En cette fin de matinée de juin 2015, armé d’une kalachnikov, il exécute froidement trente-huit touristes étrangers. La plage des cinq étoiles est jonchée de draps blancs sous lesquels reposent les cadavres des vacanciers. Le terroriste sera tué à l’extérieur de l’hôtel par les forces de sécurité. Quatre accusés ont été condamnés à la prison à vie, cinq à des peines allant de six ans à six mois, les dix-sept autres prévenus étant acquittés.

 

Les familles des victimes françaises hostiles à la peine de mort

 

Gérard Chemla, avocat représentant les familles de vingt-deux victimes ainsi que de trois associations, avait troublé la partie tunisienne en indiquant que la peine de mort requise par le parquet ne serait pas « entendable » pour les victimes françaises. Il précisera également que « nous ne portons pas en nous la loi du Talion ». Si la Tunisie a signé tous les traités internationaux sur le sujet, la peine de mort y est encore signifiée dans des procès. Mais, depuis 1991, elle n’a jamais été appliquée, même aux pires heures du régime Ben Ali. En ne prononçant aucune sentence de mort, les magistrats semblent avoir écouté cette volonté.

 

Une situation sécuritaire en observation

 

Si 2015 fut une année de sang, 2016 le fut également. L’attaque menée contre la ville de Ben Guerdane, au sud, à la frontière libyenne, dura plusieurs jours en mars. Des dizaines de morts, un climat de western terroriste mené par l’État islamique : le coup fut rude, violent, coûteux pour la stabilité du pays et l’image d’instabilité qui en découlait. Depuis, les services de sécurité ont été remaniés, le maillage du pays également. D’autres procès sont à venir. Celui de Tunis, notamment. En novembre 2015, un kamikaze se faisait exploser dans un bus de la garde présidentielle, tuant treize sécuritaires. Les deux procès n’ont pas passionné l’opinion publique. Comme s’il fallait aller de l’avant, coûte que coûte.

 

Source : le Point

Propulsée au ministère de la Défense à la suite d’un mini remaniement, le 30 janvier, Rose Christiane Ossouka Raponda prête serment le 12 février à Rabat, où le président Ali Bongo Ondimba poursuit sa convalescence. Une nomination qui consacre la montée en puissance de l’ancienne mairesse de Libreville.

Après cinq années à la mairie de Libreville, Rose Christiane Ossouka Raponda entre officiellement en fonction mardi 12 février. La nouvelle ministre de la Défense prête serment devant le président Ali Bongo Ondimba à Rabat, ce mardi. Installée à la suite du mini-remaniement du 30 janvier, l’ex-édile de la capitale gabonaise entre au gouvernement à la faveur d’une mise à l’écart d’Étienne Massard Kabinga Makaga, qui occupait le poste depuis 2016. Ce départ d’un des fidèles du président Ali Bongo Ondimba a surpris, mais le désormais ex-ministre avait notamment vu sa position fragilisée par la mutinerie avortée de quelques soldats de la Garde républicaine, le 7 janvier 2018. Contesté par une grande partie de l’establishment militaire il a donc été poussé vers la sortie à l’heure où la lutte des clans se poursuit dans l’entourage d’Ali Bongo Ondimba, depuis son hospitalisation en octobre. La nouvelle ministre bénéficie, elle, du soutien de la très influente présidente de la Cour constitutionnelle Marie-Madeleine Mborantsuo. Son nom était d’ailleurs revenu avec insistance pour succéder à Emmanuel Issoze Ngondet, que l’on annonçait partant et qui a, finalement, été remplacé par Julien Nkoghe Bekalé, Ex-ministre du budget

À 55 ans, Rose Christiane Ossouka Raponda prend donc les rênes de la Défense, elle qui présente un profil avec plus d’expérience dans le domaine de la finance et de l’économie.

 

La « Fatshimétrie » : c’est une initiative citoyenne lancée à Beni dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Il s’agit en fait d’une évaluation des engagements pris par le nouveau président Félix Tshisekedi, « Fatshi » étant son surnom. Derrière cette initiative on retrouve le mouvement citoyen la Lucha qui veut s’assurer que les promesses soient bien tenues.

Ils étaient une trentaine de militants hier venus déposer leur mémorandum au maire de Beni. Un texte en forme de rappel des promesses faites par Félix Tshisekedi pendant sa campagne. Exemple : installer l’état-major de l’armée dans la ville de Beni, meurtrie par quatre ans de massacres récurrents, déplacer la présidence à Goma jusqu’au retour de la paix dans cette région, poursuivre les auteurs des massacres en justice ou encore réformer l’armée.

L’espoir des promesses tenues. Car avec ce nouveau président, l’espoir est que désormais les promesses soient tenues pour Miel Kambale, membre de La Lutte pour le changement (Lucha) : « Nous avons payé le harcèlement par un combat acharné et nous ne voudrions pas que le président actionne les réformes dans les règles du président partant. Aujourd’hui, je voudrais que toute personne qui a le mandat du peuple œuvre et travaille pour ce peuple-là. Nous avons déjà une classe politique déjà habituée au mensonge. Nous voulons qu’une nouvelle classe politique essaie de minimiser le mensonge dans son discours et dans son action. »

Contrôle citoyen. Les militants de la Lucha promettent un contrôle citoyen via les réseaux sociaux. Une première évaluation des décisions prises par le président doit avoir lieu après ses 100 premiers jours au pouvoir.

Source : Rfi

Communiqué : Comores-Afrique de l’Est

Communiqué : Comores-Afrique de l’Est

La République centrafricaine a obtenu un accord de paix entre les factions rebelles et le gouvernement, devant sortir le pays de près de sept années d’une guerre fratricide qui a déjà fait des centaines de morts. En dépit des espoirs suscités par cet accord, de nombreuses questions restent en suspens.

Ce mercredi 6 février pourrait se révéler être un jour historique pour la République centrafricaine. Dans la capitale Bangui, quatorze groupes rebelles et le gouvernement ont participé à la signature d’un accord de paix, conclu quelques jours auparavant à Khartoum, la capitale soudanaise. S’il s’agit en effet du huitième depuis le début de la guerre en Centrafrique, en 2013, cet accord est bien le premier auquel participent toutes les parties prenantes au conflit. Il est perçu dès lors comme la panacée qui pourrait définitivement mettre un terme aux violences qui ont fait des milliers de morts et des millions de personnes déplacées.

“Ce jour est pour nous un moment historique qui consacre l’aboutissement de presque trois années d’efforts”, s’est réjoui le chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra, soulignant avoir “tendu la main à nos frères et nos sœurs des groupes armés”. Pour Herbert Gontran Djono Ahaba, porte-parole des groupes rebelles à Khartoum, cependant, « la période la plus difficile commence maintenant ». En effet, pour ce chef rebelle comme pour l’Union africaine, le plus dur reste l’application effective de l’accord dont les grandes lignes restent pour l’heure inconnues. Le gouvernement avait promis les révéler ce mercredi, à l’occasion de la cérémonie de signature de l’accord, mais le mystère demeure.

L’une des grandes inconnues reste toutefois l’amnistie des auteurs d’abus. Les groupes armés qui contrôlent actuellement environ 80 % de la République centrafricaine en avaient fait une condition pour cesser les hostilités. Mais Bangui s’y était opposé. Cette éventualité fait déjà réagir dans la capitale. Brunon Hyacinthe Gbiegba, militant des droits de l’homme et observateur aux pourparlers de paix, s’est dit particulièrement préoccupé par la lutte contre l’impunité. « Tout le monde est responsable des actions qu’il a entreprises », a-t-il laissé entendre, estimant que justice doit être rendue.

Source : Africa News

La « Fatshimétrie » : c’est une initiative citoyenne lancée à Beni dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Il s’agit en fait d’une évaluation des engagements pris par le nouveau président Félix Tshisekedi, « Fatshi » étant son surnom. Derrière cette initiative on retrouve le mouvement citoyen la Lucha qui veut s’assurer que les promesses soient bien tenues.

Ils étaient une trentaine de militants hier venus déposer leur mémorandum au maire de Beni. Un texte en forme de rappel des promesses faites par Félix Tshisekedi pendant sa campagne. Exemple : installer l’état-major de l’armée dans la ville de Beni, meurtrie par quatre ans de massacres récurrents, déplacer la présidence à Goma jusqu’au retour de la paix dans cette région, poursuivre les auteurs des massacres en justice ou encore réformer l’armée.

L’espoir des promesses tenues. Car avec ce nouveau président, l’espoir est que désormais les promesses soient tenues pour Miel Kambale, membre de La Lutte pour le changement (Lucha) : « Nous avons payé le harcèlement par un combat acharné et nous ne voudrions pas que le président actionne les réformes dans les règles du président partant. Aujourd’hui, je voudrais que toute personne qui a le mandat du peuple œuvre et travaille pour ce peuple-là. Nous avons déjà une classe politique déjà habituée au mensonge. Nous voulons qu’une nouvelle classe politique essaie de minimiser le mensonge dans son discours et dans son action. »

Contrôle citoyen. Les militants de la Lucha promettent un contrôle citoyen via les réseaux sociaux. Une première évaluation des décisions prises par le président doit avoir lieu après ses 100 premiers jours au pouvoir.

Source : Rfi

 

Depuis 2015 et le recul de la croissance, le parti met la pression sur les grands patrons du secteur semi-prive, pour obtenir des informations.

Plus haut on est place dans les cercles de pouvoir chinois, plus dure peut être la chute. Et pas seulement au sens figure. Quelques semaines après le saut dans le vide de wang jian en Provence (lire pages précédentes), le représentant du gouvernement chinois a macao s’écrasait au pied de son immeuble a la veille d’inaugurer le pont géant entre l’ile et le continent. Puis l’ex-rédactrice en chef du quotidien du peuple se défenestrait depuis le 19e étage du siège du journal officiel du parti. Ils auraient souffert de «dépression» et d’«insomnie». «Il n’y a peut-être pas d’explication cachée, commente stephen vines, du site hong kong free press. Mais dans une société ou l’état de droit est remplace par le pouvoir du parti unique, ou les gens disparaissent, meurent ou sont kidnappes avec une régularité alarmante, la suspicion est la règle.»

 

«Tontine»

Depuis le ralentissement de la croissance économique, les étoiles du capitalisme «a caractéristiques chinoises» ne sont plus épargnées par la reprise en main brutale menée par le pouvoir. Dans les années 80, alors que la chine s’ouvrait a l’économie de marche, s’étaient crées un secteur semi-prive, proche des réseaux du parti, et un véritable secteur prive. «Pour de nouveaux entrepreneurs sans relations politiques, obtenir un crédit auprès d’une banque était presque impossible, raconte jean-joseph boillot, expert au cercle cyclope. ils ont alors eu recours a la tontine, un réseau parallèle financier informel [«shadow banking», ndlr] qui leur permet d’investir et d’acheter la « protection » des fonctionnaires necessaire a l’obtention des autorisations administratives.» jamais a court d’ambiguïtés, le régime communiste encourage ces chefs d’entreprise, locomotives de la croissance qui assure au parti unique la stabilité sociale. Il les protège de la concurrence par des barrières douanières insurmontables, ou interdit purement et simplement a des entreprises occidentales, comme google ou facebook, d’accéder a son immense marche de 1,4 milliard d’habitants.

en 2008, lors de la crise des surprîmes, l’état donne l’ordre aux banques d’accorder des crédits a tour de bras pour atténuer le choc et relancer la demande intérieure. La stratégie porte ses fruits. Mais en 2015, la croissance tombe en dessous des 7 %, et la dette devient intenable. le régime lance alors des opérations de des endettement, qui marchent plutôt bien avec les entreprises d’état. Mais le contrôle financier est moins efficace sur les entreprises semi-publiques de province, notamment celles installées a shanghai, la grande rivale de pekin. Et surtout, il se heurte a la puissance des «rhinoceros gris», ces grands patrons du prive dont la puissance défie désormais le pouvoir politique. «On leur demande alors de donner toutes les infos, prises de participations, comptes a l’estranger, etc., explique jean-joseph boillot. Ce qui revient a une sanction politique, car ces hommes d’affaires ne survivent que grâce a leurs réseaux.» pour les faire céder, tous les moyens semblent bons. en 2015, guo guangchang, surnomme le «warren buffet chinois», patron de fosun, immense groupe qui possède entre autres le club med et la margarine st hubert, disparait durant quelques jours. Il aurait «apporte son aide a des enquêtes judiciaires».

La même année, on perd durant six mois la trace de mike poon, qui vient d’acquérir la moitie de l’aéroport de Toulouse-Blagnac via sa société casil Europe. Il reviendra plus tard aux manettes, expliquant dans une interview a la tribune «avoir pris du temps pour voir sa famille». Avec la guerre commerciale lancée par donald trump, la pression monte encore d’un cran. «La chine est désormais le pays le plus endette du monde si on prend en compte le total des dettes bancaires, du « shadow banking » et de l’immobilier, calcule jean-joseph boillot. Cette dette devient extrêmement dangereuse et il est indispensable de la contenir. Mais on touche la au problème de gouvernance chinoise, la non-séparation entre la sphère économique et la sphère politique, et une tendance a ne pas agir de manière rationnelle, mais de façon politique en fonction des connivences entre entreprises et parti.»

 

«Bain de sang»

Les condamnations a la prison ferme pour «corruption» se succèdent, faciles a étayer puisque tous ces patrons, ou presque, ont eu recours à des réseaux financiers illégaux. Certains se procurent des passeports américains ou font leurs bagages pour l’Australie. Dans le cadre de la lutte anticorruption, le régime lance les opérations fox hunt et skynet et convainc des milliers de fugitifs suspects de crimes économiques de rentrer au bercail, usant d’intimidation ou de menaces sur la famille restée au pays. De toutes cotes, des têtes tombent. En mars dernier, ye jianming, patron de cefc china energy, conglomerat spécialise dans l’énergie et la finance, se volatilise alors qu’il est en train de signer un énorme contrat avec le géant pétrolier russe rosneft. Il n’a toujours pas réapparu.

En septembre, jack ma, a la tête de l’empire mondial alibaba, démissionne. Il n’a que 54 ans et est au firmament d’internet. «jack ma était passe sous contrôle permanent du parti, qui avait accès a ses ordinateurs. Il a préféré abandonner le bras de fer avec le régime et éviter un bain de sang. Car tout est possible dans les réseaux d’affaires, la violence, les règlements de comptes, la pression au suicide ou la planification d’assassinat», assure jean-joseph boillot. hna, une entité totalement privée, est un symbole majeur de ce système. Sautant d’un continent a l’autre dans son boeing, sa famille installée aux Etats-Unis, wang jian s’était affranchi de la mainmise du parti. Avec 80 milliards d’euros d’endettement, soit 250 % de son chiffre d’affaires, et une opacité totale sur sa capacité à rembourser, le milliardaire était dans la ligne de mire du régime. Son corps a peine refroidi, le dépeçage de son empire s’est accélère.

Source : Libération

Patrick Rambourg, historien et auteur spécialiste de l’art de table, raconte comment la France a progressivement adopté la fourchette.

Fourchettes, mains, baguettes ? Les Décodeurs se sont intéressés à la manière de manger au quotidien des 7,5 millions d’habitants de la planète. Patrick Rambourg, auteur de L’Art et la Table (Citadelles & Mazenod, 2016), raconte comment les trois ustensiles ont traversé l’histoire de la table en France.

Ambiance lors du diner de l’édition 2018 de « Le Monde Festival » au Musée National d’histoire Naturelle le 6 octobre à Paris. Lucas Barioulet pour Le Monde

3,3 milliards d’humains utilisent des couverts

Cette carte représente les pays dans lesquels on utilise des couverts pour se nourrir ; en bleu, ceux dans lesquels cette utilisation est exclusive et en violet, ceux où on utilise aussi d’autres moyens (une cuillère, ses doigts, des baguettes). Pour les élites au Moyen Age, aux XIVe et XVe siècles. Les seuls couverts qui apparaissaient alors sur la table, c’était un couteau, voire une cuillère, que le convive apportait lui-même. La fourchette existait déjà en Italie dès le XIsiècle : il s’agissait des petites fourches à deux branches utilisées par les femmes. Mais la main était l’ustensile le plus répandu pour les pauvres comme pour les élites.

Comment la France s’est-elle convertie à la fourchette ?

Contrairement à une idée répandue, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, à la Renaissance, avec Catherine de Médicis. A la cour du roi Henri III, on essaie déjà d’imposer la fourchette, mais elle est considérée comme maniérée et féminine. Nous avons des textes qui montrent qu’à la cour les gens se moquent de ceux dont l’aliment tombe de la fourchette. Il faut apprendre à l’utiliser. La main, c’est naturel, la fourchette, c’est culturel.

A la mort d’Henri III, dans un premier temps, elle est utilisée pour se servir dans le plat commun, alors qu’on se servait avant avec les mains. Puis on mange sa part avec les doigts. Elle apparaît ainsi dans l’iconographie du XVIe siècle, où elle ne servait pas à porter l’aliment à la bouche. Aux XVII et XVIIIe siècles, elle est présente sur la table des riches, mais son usage n’est toujours pas systématique.

Louis XIV mange avec ses doigts tandis que la reine tient une fourchette. Puis la haute société s’y convertit progressivement. Au XIXe siècle, la fourchette n’est plus considérée comme élitiste, notamment grâce à la création en 1760 des restaurants publics, qui peu à peu s’adressent à tous les groupes sociaux, grâce aux auberges et aux cabarets. Mais dans les campagnes, on pouvait encore manger avec ses doigts au XIXe siècle.

Dans de nombreuses parties du monde, manger avec ses mains est considéré comme civilisé. En France, pour certains mets – les cuisses de grenouille par exemple –, on utilise les doigts.

3,5 milliards d’humains se nourrissent avec leurs doigts

Cette carte représente les pays dans lesquels on utilise ses mains pour manger. La couleur diffère selon que l’on utilise simplement ses doigts, ou des ustensiles en plus, comme souvent une cuillère.

Pourquoi la fourchette s’est-elle imposée contre l’usage des mains ?

Le traité d’Erasme prend comme comparaison les animaux. Il influence beaucoup les manières de manger. Cela passe par les élites : il y a l’idée que celui qui se tient bien à table, c’est celui est en haut de la société. Petit à petit, il faut que la main ne touche plus la denrée. Il y a, par ailleurs, une question d’hygiène qui s’impose. La fourchette et les couverts ont contribué à une meilleure civilité à table. Mais pour nos ancêtres, il a fallu du temps.

Selon Confucius, le recours au couteau est barbare et il doit être éloigné de la table. Ce genre de réflexion a-t-il déjà existé en France ?

« Le vrai danger, ce n’est pas l’ustensile, c’est le convive ! »

Je n’ai pas souvenir d’avoir rencontré cette association d’idées, mais la forme du couteau évolue en France. Il était pointu au Moyen Age pour piquer la viande chaude. Au fil du temps, à mesure que l’usage de la fourchette se diffuse, permettant de manger une cuisine plus tendre, plus saignante, le couteau s’arrondit, il devient moins aiguisé, moins dangereux. Mais le vrai danger, ce n’est pas l’ustensile, c’est le convive !

N’oublions pas non plus que les Européens ont été très présents en Chine, pays qu’ils se sont partagé politiquement. Or, ils n’ont jamais réussi à imposer la fourchette sur la table : c’est la force d’une culture, d’une civilisation. Si le monde occidental a pu imposer beaucoup de choses dans le monde, on voit bien qu’au niveau de la table c’est plus complexe. Les baguettes restent très représentatives de la culture asiatique. Et puis, quand on apprend enfant à manier un ustensile, cela devient une habitude de vie, tout simplement.

William Audureau