ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

La chambre administrative de la cour suprême s’est pliée le mardi dernier. Selon elle, Azali Assoumani est réélu président de l’Union des Comores avec 59,05%. La déclaration de la cour suprême n’était pas étrange aux yeux des comoriens. Azali est réélu président de sa propre succession.

Un pari réussi ? Alors que les élections du 24 mars dernier sont contestées par nombreuses formations politiques et des personnalités politiques, la chambre administrative de la cour suprême a publié les résultats définitifs. Et c’est Azali Assoumani qui est sorti vainqueur. 83078 voix exprimées en faveur d’Azali selon la cour suprême, soit, 59,05%. Une victoire savourée par ses proches et sympathisants avant les résultats définitifs. Il est élu dès le premier tour avec son gouverneur à Anjouan, Anissi Chamsidine 61,28%. Ses gouverneurs à Ngazidja et à Mwali passent au second tour.

Derrière Azali Assoumani, il y a le candidat de Juwa, Ahamada Mahamoudou 15,71%. Ce dernier était le vrai challenger d’Azali. Les opposants du régime en place ne cessent de manifester leur mécontentement, de dénoncer les irrégularités électorales. Des irrégularités, qui, selon eux, « ont poussé la Ceni et la cour suprême à se déclarer en faveur du président Azali. »

A retenir que la situation post-électorale du pays ternie l’image de l’archipel. Avant, pendant et après les élections, les comoriens vivent un climat de peur, d’intimidation : arrestations arbitraires, insurrection, affrontements militaires, musellement de la presse. Les autorités au lieu de réfléchir du devenir du pays, elles s’occupent des festins.

KDBA

Les résultats définitifs des présidentielles et des gubernatoriales sont proclamés par la Cour suprême statuant en matière électorale. A Ngazidja et à Mwali, les électeurs sont attendus à nouveau aux urnes le 21 avril prochain pour le scrutin du second tour comme l’a précisé le décret portant convocation du collège électoral.

Le scrutin du second tour passionne-t-il les comoriens surtout les mohéliens et grand-comoriens ? Une seule certitude : au lendemain de l’élection présidentielle et des gouverneurs qui se déroulait le dimanche 24 mars dernier, c’est bien un mouvement riche et puissant qui lutte toujours contre les résultats et qui dénonce un coup d’état électoral, un hold-up électoral, une mascarade électorale. Un mouvement aux commandes d’un conseil national de transition veillant à la paix, la stabilité, la sécurité post-électorale.

Alors que plus de la moitié des électeurs s’opposent au régime en place et que  4 candidats sont en lice, le vrai match se joue à Ngazidja (Mhoudine Sitti Farouata contre Aboudou Soefo) et à Mwali (Said Baco Attoumane contre Mohamed Said Fazul). Des mascarades électorales, des saccages d’urnes, des bourrages d’urnes entre autres sont dénoncés par la quasi-totalité des comoriens. Les candidats de l’opposition, des femmes de différentes associations ont descendu dans les rues mais, tous, ont été dispersés par les forces de l’ordre.

Dans ces conditions, le scrutin ne semble guère passionner l’ensemble des électeurs des deux îles, pourtant confronté à des défis immenses. A commencer par les arrestations « arbitraires », le non-respect de la liberté d’expression, le hold-up électoral, la fusillade militaire à Kandani laissant derrière elle des morts et des blessés. Dans cet archipel moins peuplé, la richesse la plus indécente côtoie une misère terrible. D’où, la paix s’en va.

Les Comores, un des pays riches en matière de paix et de sécurité, détiennent désormais le triste extrême d’insécurité et d’instabilité. Une misère absolue qui touche l’ensemble du territoire national. A Mohéli, déversement des clous sur le tarmac de l’aéroport, à Anjouan, insurrection dans la médina, à Grande-Comores, coup d’état déjoué, affrontements militaires…

La réélection du président Azali Assoumani renforce pour certains le climat de terreur et de peur.  Lors de son élection en 2016, Azali avait promis de relancer une politique devant construire le pays et de lutter contre les actions qui gangrènent toutes les structures du pays. Certes, l’ancien militaire, a eu la chance de faire son mieux pendant deux ans et demi, mais la montée brutale des taxes douanières, le licenciement des jeunes et autres actions, font de lui, le président mal aimé de tout un peuple.

Très vite, le chômage atteint des records, touchant officiellement plus de 40 % de la population, et l’inflation se maintient contraignant à la survie une masse croissante de jeunes comoriens. Malgré une forte reprise depuis son arrivée au pouvoir, les réformes ont été trop lentes et les mesures de lutte contre la corruption ont déçu. En s’attaquant en priorité à ses adversaires politiques, le président a donné l’impression d’utiliser l’arsenal judiciaire pour juger les politiques, « sans traiter le fond. »

 Azali peut-il faire mieux ? En tout cas, il se recompose en permanence autour d’alliances. Les Comores ont connu le théâtre d’un duel électoral. Cette fois-ci, l’élection se joue entre 4 candidats issus du pouvoir et de l’opposition. Mais le second tour impressionne moins d’électeurs comoriens, dit-on.

Kamal dine Bacar Ali

Le procureur de la république a convoqué Mouigni Baraka, ancien gouverneur de Ngazidja et candidat malheureux aux élections présidentielles, à la justice hier lundi. Mais des habitants de la ville de Ntsudjini ont empêché Mouigni Baraka Said Soilihi de se rendre à la justice en barrant la route.

Empêchement de Mouigni de se rendre à la justice

Une audition avortée. Les habitants sympathisants de Mouigni Baraka Said Soilihi ont envahi sa résidence et ils l’ont bloqué de se présenter à la justice, hier lundi matin. Cette personnalité politique n’arrivait pas à sortir de chez lui. Selon député Oumori M’madi Hassani, le gouverneur n’a pas été convoqué par le procureur de la république. « C’était un rendez-vous au bureau du procureur de la république. Un rendez-vous avorté par la localité de Ntsoudjini pour des raisons de sécurité », a expliqué le parlementaire. Devant la presse, le député a fait savoir que suite aux réactions de la ville de Ntsoudjini, il s’est rendu au bureau du procureur pour lui faire part de la situation.

Consciemment, le député a choisi de garder le silence sur sa conversation avec Mohamed Abdou, procureur de la république. « Je ne vous dirai rien sur ma conversation avec le procureur de la république. Je connais le but du rendez-vous de Mouigni Baraka Said Soilihi avec le procureur de la république mais je préfère ne rien dire », entend-on.

Une convocation de la part de la brigade de recherche a été adressée à  Mouigni Baraka. La brigade de recherche devrait se rendre à Ntsudjini dans la résidence de Mouigni Baraka pour des enquêtes. Cela n’était pas le cas, elle s’est rendue à Voidjuu, dans sa boulangerie. Le parlementaire dénonce fermement la violation de la consigne de la brigade de recherche notée sur la convocation.

Selon le député Oumouri, des négociations sont en cours avec la localité de Ntsudjini afin d’arriver à un consensus devant permettre à Mouigni Baraka de se rendre à la justice pour son rendez-vous avec le procureur de la république.

El-Aniou

Les comoriens d’ici et ailleurs ne cessent de dénoncer la mascarade électorale du dimanche 24 mars. La diaspora comorienne de Marseille s’est mobilisé dimanche dernier à travers une manifestation. Dans cette interview, Ali M’madi, membre du collectif des comoriens de l’extérieur a accepté de répondre à nos questions.

Ali M’madi, membre du collectif des comoriens de l’extérieur

Le dimanche dernier, la diaspora comorienne a organisé une manifestation à Marseille. Pourquoi ce rassemblement ?

Effectivement, nous avons organisé une manifestation qui a réuni plus de 5 000 personnes à Marseille. Le but c’était de montrer au gouvernement comorien que nous ne sommes d’accord avec la mascarade électorale qui a été organisée le 24 mars. Nous avons voulu surtout dénoncer le basculement de notre pays vers la violence. Nous nous félicitons de la réussite enregistrée qui montre à quel point les comoriens de Marseille ont pris conscience de la situation qui prévaut dans leur pays d’origine auquel ils sont particulièrement attachés.

Le message est-il bien passé ?

Nous estimons qu’au moins la mobilisation a été suivie. Les Comoriens de Marseille et de France a fait passer son message d’une manière très clair. A-t-on été entendus ? ça, on verra la réaction de M. Azali et de son gouvernement. Mais, pour nous le combat continue jusqu’à ce que la démocratie triomphe dans notre pays.

Etant ancien directeur de publication d’un journal hebdomadaire local, quel est votre point de vue par rapport à la confiscation des journaux Masiwa, Al-fajr et la Gazette des Comores par le ministre de l’intérieur ?

Ce qui se passe dans notre pays depuis plusieurs mois est scandaleux. On n’a jamais vu ça, y compris à l’époque de mercenaires. Je condamne fermement l’attitude du gouvernement et des services du ministère de l’intérieur qui sont en train de faire des Comores une république bananière.

Votre dernier mot…

Je dirais simplement que personne n’a intérêt que notre pays s’enfonce dans une crise. On a tous à gagner si on préserve la paix et la stabilité. Je veux donc lancer ce message simple à M. Azali: annulez purement et simplement la mascarade du 24 mars si vous voulez préserver cette stabilité. Arrêtez d’être toujours l’homme de la déstabilisation des Comores.

Recueillis par KDBA

Le procureur de la république, Mohamed Abdou a convié la presse la semaine dernière. L’occasion pour le procureur de la république de mettre en garde certaines autorités. Très ferme, le procureur de la république insiste qu’il prendra toutes ses dispositions pour châtier à toute personne voulant détruire l’image du pays.

Le procureur de la république devant la presse
Le procureur de la république devant la presse

Les candidats de l’opposition sont mis en garde par Mohamed Abdou, procureur de la république. Il les appelle à contrôler leurs langages. Un langage, qui, selon le procureur de la république « incite à la violence. »  « J’avais convoqué le capitaine Rachad qui tenait un langage non approprié. C’était un rappel. La prochaine fois, j’exécuterai », a déclaré le procureur de la république, Mohamed Abdou.

Parlant des incidents du jour du scrutin, le procureur affirme qu’ « une enquête préliminaire est d’ores et déjà ouverte. » Pour le procureur de la république, 80% des citoyens sont soupçonnés avoir commis d’infractions le jour des élections dont quatre candidats.  « Des urnes sont saccagées dans certaines régions, des blessés, agressions, routes barrées. Un agent de la Ceni et un gendarme sont victimes des coups », a témoigné le procureur de la république.

« Toute personne ayant été victime le jour du scrutin a le droit de porter plainte. Toutefois, tout ce qui concerne une infraction de l’Etat notamment l’agression du gendarme, ainsi que celui de la Ceni, en ma qualité de procureur de la république, la loi me donne droit de procéder à une ouverture d’enquête sans entendre une plainte des victimes », montre-t-il.

Le conférencier a rappelé que le jour du scrutin, il a ordonné la gendarmerie de libérer les candidats  Campagnard et Archimete suite à leur détention à la gendarmerie. Mohamed Abdou prévient qu’il ne fera plus de traitement de faveur une seconde fois.  « C’est une mesure de prévention. Un rappel de l’ordre. Je ne le ferai plus une seconde fois », conclut le procureur de la république. 

El-Aniou

Quelques minutes après sa déclaration dans sa résidence à Moroni, le candidat malheureux aux présidentielles de 2019 et ancien militaire, Soilihi Mohamed alias Campagnard est en arrestation. La police d’intervention de la gendarmerie nationale s’est rendue dans sa résidence en l’arrêtant, le jeudi dernier.

Campagnard aux mains de la PIGN

Alors qu’il s’est déclaré le chef du conseil national de transition, le colonel Campagnard est dans un état d’arrestation. Après sa libération le jour du scrutin après des heures à la gendarmerie nationale, Campagnard est arrêté à nouveau par la PIGN dans sa résidence à Moroni. Soilihi Mohamed s’est déclaré le président du conseil national de transition.

Selon un témoin, « la gendarmerie nationale s’est rendue à la résidence de Campagnard après avoir fini sa déclaration. L’ancien militaire a reçu la force de l’ordre et après quelques minutes de discussion, la PIGN a débarqué et l’a arrêté », a dit notre interlocuteur. Les proches de Campagnard ignorent le lieu où Campagnard est incarcéré.

La situation que traverse le pays actuellement est inquiétante. Un climat de terreur et de peur. Les citoyens se demandent où va le pays. Des moments après son l’arrestation de Campagnard, le commandant Fayçal s’est évadé de la prison. Il a été détenu suite au coup d’état raté. Son évasion ainsi que l’arrestation de Campagnard a changé la donne. Des convois militaires ont quitté la gendarmerie nationale avec des gendarmes armés. Les voitures ont été vidées à la station CEM. Un gendarme armé a chassé les citoyens qui se trouvaient aux alentours pour des mesures de sécurité.

La rédaction

Des femmes issues de différentes associations ont organisé une marche jeudi dernier afin de déposer un courrier à la cour suprême contestant les résultats provisoires des élections anticipées. Mais les forces de l’ordre ont intervenu et les ont empêchées. Plusieurs arrestations ont eu lieu dans la manifestation à Moroni.


Lors de la manifestation

La tension monte. Les femmes prennent le relai et descendent dans les rues pour manifester leur mécontentement. « L’armée a failli à sa mission, Youssouf Idjihad dégage ! » « Cheikh Salim, Harmiya Cassim, les comoriens vous regardent et Dieu vous voit » « non à la validation du scrutin du 24 mars pour la préservation de la paix », « nous, femmes, condamnons le coup d’état électoral appuyé par les forces de l’ordre », lit-on dans les banderoles. Selon les manifestantes, c’est au peuple comorien de réagir et de dénoncer cette mascarade et le hold-up électoral. La marche a vu la participation des femmes associatives et sympathisantes des candidats malheureux aux présidentielles et aux gubernatoriales. Leur attitude est de déposer un courrier de manifeste au président de la cour suprême. Les forces de l’ordre ont envahi la rue du Gard du Nord où la manifestation a été tenue. Mais dans l’après-midi du jeudi 28 mars, les manifestantes arrêtées sont libérées.

Youssouf Idjihadi, Mohamed Daoudou, Dr Djaza et M. Dafiné dégagent

Pendant que des femmes ont été arrêtées, d’autres se sont rendues à la cour suprême pour le dépôt dudit courrier. Parmi les manifestantes, il y a entre autres Fatouma Eliyas, Hairiat Haousseine, Batouli Ahmed Saïd, Fatuma Saïd Hassane, la star comorienne, Zainaba Ahmed. Au cours de cette marche, les manifestantes ont exigé le départ du chef de l’état-major, Youssouf Idjihadi, du ministre de l’intérieur, Mohamed Daoudou, du président de la Ceni, Dr Ahmed Djaza, le secrétaire général de la Ceni, Mzé Dafine.  «  Non à la validation du scrutin tenu le dimanche 24 mars dernier pour la préservation totale de la paix », lancent les manifestantes.

L’ancienne journaliste, Fatouma  Elliyas a montré que le rôle des forces de l’ordre est de veiller à la sécurité. Pour préserver la paix, elle a dit à l’interposition d’un militaire dans le vote. Selon l’ancienne journaliste, il est nécessaire pour l’armée comorienne de veiller à la sécurité du peuple comorien tout en appelant les forces de l’ordre à jouer exactement son rôle pour la paix et la stabilité de l’Union des Comores. « Nous avons pris cette initiative pour venir remettre ce courrier à la cour suprême. Nous ne voulons plus faire du mal à personne. Nous savons tous que les élections sont incomplètes et nous appelons à compléter ce scrutin pour la stabilité de notre pays. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire », montre Fatouma Elliyas.

Un coup d’état électoral

Quant à la star comorienne, Zainaba Ahmed, celle-ci a souligné qu’il faut rectifier ce malentendu. « Il faut rehausser l’image de ce pays qui nous appartient tous. Nous sommes conscients qu’il n’y a eu qu’un coup d’état électoral. Nous sommes certaines qu’il ne pourra jamais avoir un pays développé avec l’instabilité. C’est de pouvoir préserver la paix que ce pays pourra atteindre son développement durable. Nous appelons donc à l’armée nationale d’accomplir son devoir pour garantir notre sécurité », a-t-elle appelé.

A rappeler que le lendemain du scrutin, les candidats du camp de l’opposition accompagnés de leurs militants et partisans ont envahi les rues de la capitale malgré l’intervention des forces de l’ordre qui les ont dispersés par des gaz lacrymogène. Ils ne reconnaissent plus les élections ainsi que ses résultats. Des élections qui laissent derrière elles des blessés par balles.

La révolte du peuple en est le résultat du déroulement du scrutin. Un déroulement apprécié par les uns et contesté par les autres. Ainsi à quelques heures avant la proclamation des résultats provisoires par la Ceni et les Ceii, des localités de la grande-Comore ont barrées les routes, des administrations publiques ont été fermées par des citoyens à l’instar de Mbéni dans le hamahamet.

H.H

La plateforme des 12 candidats de l’opposition réaffirme sa position de ne plus jamais reconnaitre le déroulement des élections du 24 mars dernier et ses résultats. Face à cela, les 12 candidats contre le régime actuel exigent des nouvelles élections présidentielles et des gouverneurs afin que le régime prenne fin par voie démocratique.

Mouigni Baraka se déclare au nom de l’opposition

Conscients de la mascarade électorale, du coup d’état et du hold-up électoral du 24 mars dernier, les 12 candidats de l’opposition affirment leur solidarité et fraternité dans un intérêt commun. Selon cette plateforme, la question des élections ne concerne absolument pas les 12 candidats, mais, pour la société civile, les partis politiques, en bref, l’ensemble des comoriens d’ici et ailleurs. « Nous, 12 candidats de l’opposition et les candidats aux gubernatoriales, ne manqueront jamais à dénoncer la mascarade électorale. Nous savons tous que les élections ne sont pas passées dans des conditions légitimes. Nous exigeons donc, la tenue des nouvelles élections libres, transparentes pour se débarrasser de ce régime pacifiquement », déclare Mouigni Baraka Saïd Soilihi.

Soutenant la démarche commune de la diaspora comorienne de Marseille dans leur manifestation contre le pouvoir en place, selon cette plateforme, des actions pacifiques seront organisées dans les chefs lieus des îles Comores à commencer par des prières (hitma) pour manifester le désarroi. « Notre ambition est de diriger le pays démocratiquement et pacifiquement. Nous n’utiliserons jamais des armes pour sortir Azali au pouvoir mais plutôt, la voix du peuple », a dit Mouigni Baraka Saïd Soilihi.

Concernant les affrontements militaires à Kandani le jeudi dernier, les 12 candidats présentent leurs condoléances aux familles des victimes tout en confirmant que « rien a été planifié pour le conseil national de transition. Notre conseil conteste pacifiquement le régime en place et les élections du 24 mars auxquelles, ils demandent dans les brefs délais, des nouvelles élections. » Et pendant que l’alliance de la mouvance présidentielle accuse les candidats de l’opposition suite de la fusillade militaire à Kandani, Mouigni Baraka Saïd Soilihi souligne que « les accusations ne manqueront pas. Nous sommes des candidats et on peut m’accuser. »

Par conséquent, cette plateforme dénonce l’arrestation de Campagnard, président du CNT en demandant sa libération. « Ce qui nous tourmente de plus, nous ignorons le chef d’accusation de notre collègue Soilihi Mohamed Campagnard », déplore-t-il.

Kamal dine B.A

La « mascarade » électorale du dimanche 24 mars en Union des Comores suscite l’émoi des organisations régionales et internationales. Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union Africaine, dans une déclaration datant du vendredi dernier, exhorte les autorités comoriennes et les acteurs politiques du pays à un dialogue inclusif pour la stabilité dans le pays.

Moussa Faki Mahamat, président de l’UA

L’Union Africaine plus particulièrement son président en exercice, Moussa Faki Mahamat est préoccupé du climat politique et sécuritaire que les Comores traversent depuis le jour du double scrutin. Un climat de peur. Le président de l’organisation panafricaine déplore les actes de violence, laissant derrière eux, des morts et des blessés. Dans sa déclaration, Moussa Faki Mahamat a fait savoir qu’il a pris note et acte des déclarations préliminaires des missions internationales d’observation électorale déployées aux Comores à l’occasion des élections présidentielles et gubernatoriales.

« Il convient de rappeler que ces missions d’observation ont relevé des multiples incidents survenus le jour du scrutin, lesquels ont non seulement interrompu le vote, mais ont également empêché de nombreux électeurs d’exercer leur droit civique dans la sérénité. De fait, ils n’ont pu se prononcer sur la transparence et la crédibilité des scrutins du 24 mars 2019 », a souligné le président de la commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat.

Ce dernier exhorte les autorités comoriennes ainsi que l’ensemble des autres acteurs politiques pour instaurer un dialogue inclusif devant permettre de préserver les acquis obtenus à la suite de la longue crise séparatiste et institutionnelle qu’a connu les Comores. « Toute contestation des résultats doit se faire exclusivement par le recours aux voix légales », a-t-il souligné.

KDBA

Alors que le gouvernement comorien a convié la communauté internationale, vendredi dernier, pour leur annoncer le bon déroulement des élections présidentielles et des gouverneurs, Fahmy Thabit, consul de la Corée du Sud à Moroni, n’a pas tardé à réagir. Devant les diplomates accrédités en Union des Comores, Fahmy Thabit n’a pas mâché ses mots pour dire que le gouvernement comorien raconte « mensonges. »


Fahmy Thabit

L’ancien président de l’UCCIA et actuel consul de la Corée du Sud à Moroni, Fahmy Thabit claque la porte. Au siège du ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale à Moroni, le secrétaire d’Etat en charge de la coopération, le conseiller diplomatique du président de la République, le ministre de l’intérieur et le directeur de cabinet en charge de la défense, ont été tous en face de la communauté internationale par rapport à la situation politique des Comores. Les autorités comoriennes présentes ont fait savoir que le scrutin s’est déroulé « dans des conditions meilleures. »

La « révolte » de M. Thabit

Fahmy Thabit n’a pas tardé à s’adresser devant la communauté internationale pour dénoncer les discours mensongers véhiculés par les autorités comoriennes comme quoi, les élections sont passées dans le calme et la sérénité et que le pays ne traverse aucune crise politique.  La situation politique, sociale du pays suscite une psychose.

« Toutes les autorités comoriennes nous racontent des mensonges. Le gouvernement comorien peut m’en fermer mais je le dis et je dénonce leurs discours nauséabonds car c’est la vérité », a lancé Fahmy Thabit. Autant qu’un diplomate a fait l’état de lieu du déroulement du double scrutin du 24 mars dernier et de la situation actuelle que traversent le pays, l’opinion publique attend la réaction des organismes internationaux et des diplomates accrédités à Moroni. Et lui d’encherir « je vous avoue que j’ai été surpris par la résonance qu’a eu mon cri de détresse à l’endroit de la communauté internationale. Il est vrai que je ne devais pas perdre mon sang froid, en tant que représentant d’un pays étranger en Union des Comores, mais avant d’être représentant de ce grand pays démocratique qu’est la Corée du Sud, je suis un enfant des Comores. »

Le risque

Par conséquent, Fahmy Thabit a décidé de présenter sa démission au Ministre Coréen des affaires étrangères qui l’a nommé, car peut être, dixit-il, « ne suis-je plus capable de les représenter, selon les critères diplomatiques qui régissent les relations internationales à savoir : se taire, regarder et rapporter les malheurs du monde. »

Dans son mur Facebook, il a fait savoir qu’il vit aux Comores depuis 20 ans maintenant, et son choix de rentrer au pays après 25 ans à l’étranger, était de venir apporter sa contribution dans le domaine qu’il avait choisi durant ses études, à savoir l’entreprenariat.

« Ce cri de détresse est venu de mon cœur, de mes tripes face au quotidien du comorien lambda qui se dégrade de jour en jour. J’aurais pu me taire en me disant que je suis un privilégié et que je souffre moins… Mais ça aurait été un pêché, d’entendre des fausses vérités sans rien dire, et ma conscience n’aurait pas été tranquille car nous sommes tous dans le même bateau et quand il chavire tout le monde chavire », lancé Fahmy Thabit à travers son mur.

Selon lui, ce n’était pas un acte prémédité mais une expression spontanée de la douleur de voir des blessés, des morts, des personnes emprisonnées, torturées simplement pour avoir défendu leurs idéaux ou opinions.

Fahmy Thabit exclut de la liste électorale

C’était aussi l’expression de la frustration de ne pas avoir pu accomplir son devoir de citoyen comorien et la frustration de voir que ces élections n’ont pas exprimé la volonté du peuple souverain. Il reste persuadé que ce n’est sûrement pas ce que les pères libérateurs des îles Comores voulaient pour les comoriens, lors de la proclamation de l’indépendance.

« Je sais que j’ai peut-être pris un risque, je sais que ces forces vont essayer de me salir, vont vouloir me piéger, vont chercher la petite bête pour me mettre dans des problèmes, ou peut être pire, mais ma conscience est tranquille et rien ne peut m’arriver à part ce que Allah a décrété pour moi », insiste-t-il avant de conclure, « ceci n’est pas mon combat seul, c’est le combat de toute une génération qui aujourd’hui veut vivre dans un pays en paix, un pays qui respecte les Droits de l’Homme, un pays qui apporte son soutien aux plus démunis, un pays qui regorge de tant de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer. »

KDBA