ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Editorial : La lutte contre l’injustice généralisée est une nécessité  

Toute société aspirant à garantir une véritable démocratie et un développement durable, elle tente, a priori, de lutter contre toute forme d’injustice fragilisant l’éducation, la santé, les libertés individuelles et collectives, l’égalité de chance pour tous… La paix comme finalité ou résultat de l’effort collectif. Aux Comores, l’injustice a atteint le summum, ça tue sans que justice fasse lumière.

D’entrée en jeu, il faut reconnaître que les Comores connaissent beaucoup de maux, mais l’injustice est de trop. On pourra continuer à citer les personnes emprisonnées sans jugements ou sans respect des règles de droit mais ayant comme crime d’être contre le régime qui gouverne. Le musèlement de la liberté d’expression, la corruption sans être inquiété quand on est proche du pouvoir, les recrutements par affinité ne tenant pas compte de la méritocratie, le droit de canapé, les agressions et viols de mineurs, et pire encore les assassinats sans enquête élucidée pour faire la lumière, sont entre autres indicateurs d’un désordre voulu et de l’absence d’une véritable paix sociale.

Les réactions à la suite de la sortie Dr Bajrafil, une conséquence

Si l’exemple « maladroit » qu’a choisi l’éminent théologien et linguiste Dr Bajrafil a été pris en tenaille et même décontextualisé, c’est aussi la conséquence de l’injustice marquée par la complicité du silence sur certains sujets qui fâchent. Ceci justifie aussi le degré de la colère de la population qui attend beaucoup des religieux à prendre position sur les injustices qui fragilisent la paix et le bien-être en général. Les assassinats, les condamnations sans procédures légales, la cherté de la vie économique et tous les maux sociaux liés aux violences et forme de dictature devaient faire parler nos éminents prêcheurs de paix et des valeurs de l’islam. Ces derniers (religieux) ne peuvent pas être indifférents aux préoccupations sociopolitiques, puisque, après tout, ils se mêlent de la politique. Leur neutralité doit avoir son sens sans leur prise de position.

Les comoriens attendent plus qu’un discours de paix

Le peuple ne tolère rien. Le cas de l’interprétation controversée de l’intervention du théologien lors d’un madjliss à Tsidjé dont la portée est l’appel à la paix, est illustratif. Pour les comoriens assoiffés de la démocratie et d’une justice fiable, les discours de paix ne sont pas crédibles du moment où on choisit de se taire sur d’autres sujets sensibles comme les emprisonnements, les meurtres, la cherté de la vie due à l’augmentation des prix des produits de première nécessité, le musèlement de la liberté d’expression… Les comoriens attendent plus qu’un prêche de paix.

L’espoir d’un climat paisible fondé sur la démocratie et une justice impartiale doit être  nourri d’une volonté à mettre fin aux abus de pouvoir et faire valoir le Droit. Il n’y a pas de paix en l’absence de la démocratie et le développement socio-économique. La paix est le résultat d’un bien-être généralisé, garanti par la justice intolérable à la corruption, aux assassinats et différentes formes de violence.

La justice est pour tous

Dans les règles de droit, la justice n’a pas vocation de servir une partie de la société. Elle doit protéger tout le monde et juge tout accusé sans distinction ni de race, ni de religion, de classe sociale…. Car tous les Hommes sont égaux en droit et devoir devant la justice. Aujourd’hui aux Comores, ce sont les internautes, d’une majorité d’intellectuels et défenseurs de droits et libertés qui appellent au respect des règles fondamentales de droit et justice. Ils dénoncent et réclament justice chaque jour que Dieu fait. Tellement que l’injustice a atteint un niveau désastreux que mêmes les militants de la paix, de droits et justice impartiale dérapent quelques fois dans leur manière de mener la lutte collective. Pourtant, cela se comprend et se justifie de la colère qui submerge les esprits des comoriens meurtris, victimes d’un mépris et d’une arrogance affichés par certains dirigeants, pour ne pas dire tous.

Soyons responsables, soyons justes et soyons comoriens sans distinction de couleur politique.

Sultane Abdourahim Cheikh

Directeur de Publication

 

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