ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Musique : Des prisonniers à koki initiés à l’art

Vendredi dernier, a eu lieu à la salle de l’alliance française de Mutsamudu, un concert de slam. Étienne au micro et Samy à la guitare ont fait découvrir le slam aux amateurs et au public. Un atelier a lieu à la prison de Koki du 10 au 22 mars où les prisonniers travaillent la littérature et la musique.

Selon la direction de l’alliance le mois de mars est un mois de valorisation de la langue française et des 50 ans de l’alliance Française de Mutsamudu. D’autres rendez-vous sont prévus. Du rire, des cries, des chants, des slams et des tonnes d’applaudissements sous une chaleur exténuante à la salle de spectacle de l’alliance. Un exercice de poésie à l’aveugle. C’est dans des gestes et un sourire que, Étienne fait son slam dans le silence des spectateurs. Le slameur joue les mots avec sa bouche et son corps. Petit boss et Benjamin, deux prisons ont travaillé sur un poème qui est lu par le Collectif Pomwezi, intitulé « Rêver c’est beau ».

« C’est un projet d’écriture et de recherches littéraire et musicale avec l’alliance française », a déclaré Etienne. « C’est une géographie poreuse. Une zone un peu instable qui grappille sur le terrain du théâtre, de la littérature, de la musique et de la performance. La poésie à l’aveugle, c’est une proposition d’un spectacle vivant. L’idée est de proposer un pas de coté en proposant aux spectateurs de fermer les yeux afin de voir la scène autrement, avec leur oreille », ajoute-t-il.

Interrogé sur les ateliers à la prison Koki, « les ateliers à la prison de Koki ont commencé le 10 mars. La restitution aura lieu, demain, mardi. Il y a eu 7 séances de 3 heures avec un groupe composé de détenu, un personnel du corps médical, deux poètes de Pomwezi,  Gololo Chams, Samy Yassine et moi-même. Ce sont des nombreux ateliers d’écriture basés sur des exercices. Nous avons crées des dispositifs musicaux afin que chacun puisse faire de l’improvisation en sachant où il est, où il met les pieds, où il va. Il y a des textes écrits par le groupe qui vont être lus et/ou le groupe lui-même va être son propre musicien », a-t-il répondu.

L’art à la prison de koki

Samy Yassine, musicien et infirmier en art thérapie a souligné que c’est une thérapie où il est proposé aux patients de s’exprimer via l’art. « Les ateliers à la prison de Koki, c’est d’offrir à des personnes choisis en amont, un temps où ils peuvent s’exprimer. C’est un groupe hyper enthousiaste, riche d’idée et de création. Ils chantent, bougent. C’est très vivant.  C’est un assemblage subtil entre l’écriture, qui est vraiment primordial et la musique qui vient accompagner les textes », explique Samy Yassine. « La musique ce n’est pas spécialement avec des instruments. Ça peut-être des instruments de notre propres corps comme la voix, les percutions corporelles », affirme-t-il.

C’est la directrice de l’alliance française de Mutsamudu, elle-même qui  revient sur les ateliers à la prison. Laurane Clement  présente les artistes et l’objectif, et les destinataires des ateliers. « Les ateliers avec Etienne et Samy, qui sont deux intervenants qui viennent au nom d’une association française qui s’appelle Semer en Territoire. Ils sont venus pour faire des ateliers de création littéraire et musicale à l’adresse de deux groupes musicaux. Il y a le Collectif Pomwezi et surtout à la prison de Koki, qui reste l’unique et la grande prison de l’ile », dit-elle avant d’expliquer le choix en amont des détenus. «  Nous avons rencontré des détenus avec des vulnérabilités psychiatriques pour qu’ils puissent créer des ateliers artistiques, d’expressions corporelles  et des écrits. C’est pour que ces personnes sortent un petit peu de l’ombre et de pouvoir s’exprimer différemment de ce qu’ils ont l’habitude de faire ».

Humaniser les détenus

Pour la directrice de l’Afm, « il faut se rappeler qu’avant d’être des détenus ce sont des êtres humains, comme nous. Ils ont juste des cicatrices différentes des nôtres. Je pense qu’effectivement, il faut humaniser la personne qui est derrière les barreaux. Ça leur fait du bien mais aussi à nous. Finalement, ça nous rappelle que ce sont des humains et que nous avons le devoir de les traiter comme tel ».

Ahmed Zaidou

 

 

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