ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Natuk Mohamed Mouzaoir : « Nous sommes opposants d’Azali mais nous ne sommes pas opposants aux intérêts de la nation »

A J-2 du dialogue national, Al-fajr s’est entretenu avec le secrétaire national du parti Ulezi, Natuk Mmohamed Mouzaoir, actuellement aux Comores pour le dialogue inter comorien. Selon lui, le parti Ulezi s’oppose au régime actuel et non aux intérêts de la nation. Il est revenu sur la visite du président Sénégalais aux Comores et la disparition d’un vol de la compagnie AB Aviation.

Aux environs de 12h (ce samedi), un avion de la compagnie AB Aviation est porté disparu aux larges de Mohéli. Quels sont vos ressentis ?

C’est avec tristesse et inquiétude que je viens d’apprendre la disparition d’un avion à son bord 14 personnes. Nous implorons le seigneur pour les faire miséricorde. Mais, mes pensées vont à l’endroit des familles de ces passagers. Je partage la tristesse, l’inquiétude et l’angoisse que ces familles ressentent et au-dessus de tout le peuple comorien. Que Dieu les protège et les bénisse (Inshallah).

Comment avez-vous pris l’arrivée aux Comores du président sénégalais Macky Sall ?

Je prends cette visite pour une bonne nouvelle. Parce que le peuple sénégalais et le peuple comorien ont une histoire commune de longue date. Le Sénégal est toujours de notre côté depuis l’indépendance des Comores jusqu’à aujourd’hui.  Cette visite de Macky Sall aux Comores vient renforcer les relations existantes des deux pays frères. Le Sénégal continue à nous soutenir surtout sur le plan de l’éducation. C’est là où beaucoup de nos enfants ont eu des formations académiques. Si aujourd’hui le président sénégalais décide de venir nous rendre visite, étant un pays d’hospitalité, nous lui souhaitons la bienvenue. Mais, du côté politique, on peut se demander ce que l’Etat comorien va gagner. Personnellement, j’appelle le chef de l’Etat comorien à être transparent sur cette visite au niveau des résultats escomptés et que nous soyons au courant des accords de partenariats.

Le président de l’Union africaine effectue une visite aux Comores à deux jours du dialogue national. Cela ne vous laisse pas perplexe ?

Ce n’est pas un hasard que le président de l’Union africaine se trouve en ce moment aux Comores. Ça devrait être une belle opportunité pour que les doléances de l’opposition comorienne puissent être entendues et tenues en compte par l’Union Africaine. Ça serait une preuve de garantie que les résolutions de ce dialogue inter comorien soient accompagnées par l’Union africaine. Cette visite est venue au moment opportun dans le moment où un dialogue national est prôné par le chef de l’Etat.

Quelles leçons avez-vous tiré de votre accueil la semaine dernière dans le cadre dudit dialogue national ?

J’ai signé le 29 mars 2021 un courrier au nom du parti Ulezi, suggérant au président Azali d’appeler à un dialogue.  Suite à un constat amer que nous avons fait ces dernières années. 12 mois plus tard, ce rêve devient réalité. Je ne peux que me satisfaire malgré que sur le terrain il y a beaucoup d’irrégularités. Toutefois, ce rendez-vous aura lieu et nous nous préparons à y prendre part parce que c’est au tour de la table que nous aurons des choses à dire. En tout cas, l’accueil qu’on m’a réservé, je tiens à remercier le peuple comorien qui m’a bien accueilli à bras ouverts. Les comoriens ont montré qu’ils sont prêts à dépasser leurs égos pour l’intérêt de la nation.

Vous, parti Ulezi, réclamez un Etat de droit après les élections de 2019 comme d’autres partis de l’opposition. Et pendant que l’opposition boycotte le dialogue, vous allez y prendre part ? N’est-il pas une trahison ?

Nous sommes un parti parmi les partis de l’opposition. Nous sommes depuis 2016 contre la gestion chaotique du régime actuel. Aujourd’hui on doit mettre la mosquée au centre du village. Nous sommes les initiateurs de ce dialogue et on ne peut pas faire la politique de la chaise vide. Car nous sommes opposants d’Azali mais nous ne sommes pas opposants des intérêts de la nation. Notre participation au dialogue national c’est pour l’intérêt de la nation. Dans un rassemblement pareil, nous devrons être présents pour les intérêts de la nation. Avec nos amis de l’opposition, nous avons un dénominateur commun mais il y a aussi des idées qui nous différencient. C’est sur la table que nous allons défendre nos idées. Ce n’est pas une trahison dans la mesure où nous n’avons pas changé de ligne.

Quels résultats attendez-vous de ce dialogue inter-comorien ?

De la discussion jaillit la lumière. On ne peut pas parler de résultats avant les échanges. En tout cas si le dialogue n’aboutit pas, c’est le peuple qui sera perdant.

Etes-vous favorables aux thématiques proposées pour le dialogue ?

Une des erreurs de la coordination du dialogue est de mettre en place des thématiques. Mais si nous avons bien compris, ils ont laissé aux comoriens de proposer des thématiques. Ulezi estime que les thématiques qui touchent la politique, les élections sont nécessaires. Mais il y a aussi des thèmes d’intérêt national.

Propos recueillis par KDBA

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