ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Procès Yemenia : L’Etat comorien pointé du doigt

Le procès pénal était depuis toujours notre objectif principal, a déclaré hier devant la presse, Saïd Attoumani, président de l’association des familles des victimes du crash qui a déploré les manœuvres orchestrées par la compagnie et la complicité de l’Etat comorien pour étouffer l’affaire. Mais le cas des 68 passagers de nationalité comorienne reste perplexe.

Ce n’était pas un combat facile parce qu’il n’y avait pas d’armes égales. « C’était une association contre des Etats. On était en face d’une compagnie aérienne appartenant à deux États, l’Arabie Saoudite et le Yémen, l’Etat comorien propriétaire de l’aéroport, la France, pays d’adoption et les Etats Unis, qui ont loué l’appareil », a expliqué le président de l’association des familles des victimes.  À l’entendre, 13 ans de combats marqués par des souffrances et des difficultés. Selon lui, l’association s’est battue pour avoir le rapport technique depuis 2013 et qu’elle a eu 3 ans après. « La compagnie ne voulait pas que ce rapport soit publié. Et pourtant, ce rapport n’a rien à avoir avec la judiciaire. C’est un rapport permettant de connaître de façon sommaire les causes », rappelle-t-il. Les Comores ont joué un rôle quasiment important pour  freiner l’obtention de ce rapport, selon lui.

La complicité de l’Etat comorien pour étouffer l’affaire

«  Alors arrivé à ce stade, je ne peux pas énumérer tout ce qu’on a eu comme gain de cause mais le bilan est positif », s’est réjouit-il.  Si l’on en croit Saïd Attoumani, l’obtention du rapport technique ne doit poser aucun problème. « Mais nous étions en face d’une compagnie complètement inhumaine, criminelle et voyoute qui n’entendait pas  les douleurs des familles. À chaque État, il fallait se battre », indique Saïd Attoumani  qui regrettera  par la suite la collaboration de l’Etat comorien avec la compagnie  aérienne Yéménite pour étouffer l’affaire. «  Depuis le premier jour la plupart de nos adversaires, notamment la compagnie Yemenia ou même ses complices ne voulaient pas que cette affaire existe parce que ça leur aurait arrangé. Je pense que le fait de se regrouper ensemble pour créer une association  a fait en sorte que l’affaire Yemenia existe aujourd’hui. Je crois qu’on devrait tous être fiers», précise-t-il. Le procès a duré 4 semaines durant lesquelles, les familles ont été appelées à témoigner à la barre.

Qu’en est-on des 68 passagers de nationalité comorienne ?

Pour l’association, il s’agit d’un moment très fort car il a permis aux familles d’exprimer la douleur et les peines durant 13 ans de combat. Une peine pénale a été requise contre la compagnie et le délibéré est attendu le 14 septembre prochain. Le sort des 68 comoriens de nationalité comorienne est dans l’incertitude. Le procès n’a concerné que les comoriens de nationalité française. L’ouverture d’un procès pénal aux Comores au lendemain du crash fut un véritable fiasco.  « Ce point de 73 victimes de nationalité française concernées par le procès nous a déchiré parce que c’est un accident. Toutes nos familles ont la même douleur et la même peine. Alors comment peut-on organiser un procès qui ne concerne qu’une partie des victimes, c’est qui ne tient pas la route moralement. En tout cas, un procès pénal a été ouvert aux Comores en 2009. Cette procédure est apparemment en cours et elle doit être suspendue en un moment donné. Je ne sais pas où en est», se plaint-il. La possibilité de réouverture du procès aux Comores est peu probable dans la mesure où la loi comorienne mentionne qu’après trois ans, si aucun acte de juge n’est posé dans cette affaire alors la procédure est éteinte. Ce qui laisse entendre que les 68 comoriens victimes du crash du 29 juin 2009 sont des « cobayes ».

Kamal Saïd Abdou

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