ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Said Ahmed Said Abdillah : « Azali n’a jamais organisé des élections dignes de ce nom »

Alors que le président Azali, par décret, a convoqué le collège électoral pour les élections législatives et communales en janvier et février 2024, le président du parti Comores Alternatives, Said Ahmed Said Abdillah, a répondu à nos questions, comme il est de coutume. Selon cet opposant du régime est contre les élections et appelle à l’unification de l’opposition et à ne pas suivre le calendrier établi par Azali.

Le chef de l’Etat a convoqué le collège électoral dans le cadre des législatives et communales. Êtes-vous pour ces élections ?

Je voudrais d’abord vous remercier de m’avoir accordé cette interview, vous et l’équipe du journal Al-fajr. Vous savez pertinemment qu’Azali Assoumani n’a jamais organisé des élections dignes de ce nom, c’est-à-dire qui respectent la démocratie en étant inclusives et transparentes. Il fait semblant de respecter certaines normes institutionnelles en disant qu’il a convoqué le corps électoral dans les normes. Mais pour votre question, aucun homme ou femme politique n’est contre une élection. C’est l’essence même d’un Homme politique de concourir aux suffrages universels afin de laisser le peuple comorien choisir ses représentants et ses dirigeants municipaux.

Azali Assoumani n’a pas tenu compte du conflit non résolu suite aux mascarades électorales qu’il avait organisé afin d’essayer d’apaiser la situation sociopolitique de notre pays. Il ne se soucie pas des malheurs quotidiens des Comoriens, pas d’eau, pas d’électricité, pas de routes et surtout pas de quoi à se nourrir au quotidien. Mais il continue dans son élan de mépris et de haine envers le peuple comorien et les Comores en annonçant de vouloir organiser des élections législatives et municipales sans aucune concertation au préalable, ni des actes d’apaisement à commencer par la libération des prisonniers politiques. Il se croit – après l’acte de désespoir de Fanou et le fait de l’avoir exécuté comme un cabri et que personne ne demande justice par peur d’être envoyé à l’abattoir de Beit Salam  jusqu’à la mère du martyr- encore fort et invincible.

Comment expliquez-vous aux Comoriens que la seule bataille contre Azali Assoumani est la chaise vide ?

Comment la politique de chaise vide ? Aux dernières mascarades électorales des présidentielles et des gouverneurs, il y a eu des candidats de l’opposition, au moins cinq candidats au niveau présidentiel et plus de dix au niveau des gouverneurs. Mais vous avez vu comment ont été les déroulements de ses mascarades électorales et comment Azali Assoumani n’a pas daigné respecter les volontés de peu de gens- 16% selon la Ceni – qui se sont déplacés pour aller voter. Il s’est déclaré élu- au mépris de la réalité des urnes et du choix du peuple comorien et de l’opinion internationale- lui et ses gouverneurs dès les premiers tours. C’est un régime qui s’impose par la force des armes et n’a aucune légitimité. Vous avez vu qu’il a attribué des pouvoirs étendu à son fils secrétaire général du gouvernement sans aucune référence institutionnel. Nous avions opté le boycott actif – chercher des moyens non électorales pour faire chuter le régime – afin d’éviter de jouer les figurants dans  une comédie théâtrale. Vous voulez qu’on aille refaire les mêmes spectacles  que nos frères candidats?

Croyez-vous que le boycott ne soit-il pas un échec de l’opposition ?

L’option non-participation aux mascarades électorales n’était pas juste boycotté et resté assis dans un canapé en France ou ailleurs mais de trouver une solution rapide pour mettre fin au régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani avant les élections présidentielles. Nous, qui avons opté ce choix de non-participation aux mascarades électorales, n’avons pas pu le déloger. Mais le combat continue et nous n’avons pas désespéré. Cette fois- ci nous agissons selon la volonté de l’Union de l’opposition afin d’unifier la force politique Comorienne de l’intérieur et celle de la diaspora. Les décisions isolées sans concertations ne feront qu’aider le régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani. Une décision concertée au sein de l’union de l’opposition nous honorera et impulsera notre combat.  

Quelle lecture faites-vous du rassemblement de l’opposition début octobre ?

C’est une bonne initiative que nous saluons afin de sauver le pays du gouffre que le régime d’Azali Assoumani l’a mis. J’appelle aux différents responsables politiques Comoriens de mettre à part leurs egos et d’unifier nos forces, nos moyens financiers et matériels et surtout nos militants pour combattre ce régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani quelque soit la voie mise à notre disposition. Cette union est constituée de ceux qui ont participé aux élections et de ceux qui n’y ont pas participé. Nous saluons également la déclaration qui a été publiée suite à la rencontre de l’Hôtel Moifaka. Le temps est à l’unification de nos forces et non à la culpabilisation des uns et des autres. J’ose espérer que les différents leaders de l’opposition de l’intérieur comme de l’extérieur se concertent dans un pays voisin de chez nous comme la Tanzanie ou le Kenya ou le Rwanda afin de prendre des décisions vitales pour l’avenir de notre pays. Nous ne devrons pas suivre le calendrier établi par le régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani mais d’imposer le notre en faveur de la paix et de la prospérité de notre pays.

Quel conseil donneriez-vous aux politiques qui participeront aux législatives et ceux qui envisagent la chaise vide ?

Je ne pense pas avoir des conseils à donner à qui ce soit et surtout à des hommes et des femmes politiques sensés connaitre leur objectif principal qui est de faire chuter le régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani. Je dois juste rappeler à mes frères, sœurs et amis politiciens comoriens que nous devons toujours comptabiliser nos actions afin de mieux avancer. Si nous n’avons pas d’autres moyens de combattre ce régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani que par les urnes, nous devons le livrer sans aucun état d’âme mais en étant ensemble. L’union est notre force dans tout ce que nous allons entreprendre et notre division ne fera que favoriser notre ennemi et nous éloigner de notre objectif. Il est inutile et non productif qu’on se chamaille entre ceux qui veulent participer aux élections et ceux qui ne veulent pas. Nous devons nous focaliser sur l’objectif et la méthode qui pourra nous y amener le plus rapidement possible. Nous ne devons pas oublier de tirer les leçons des dernières mascarades électorales qui auraient chassé ce régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani si on avait tous soutenus les jeunes contestataires. Le peuple comorien est prêt à affronter ce régime à main nue mais nous, les hommes et femmes politiques, sommes des peureux et ne pensons qu’à nos petits égos au lieu de celui du peuple. Nous ne battrons pas ce régime macabre et dictatorial tant que nous n’aurons pas changé la manière d’agir. Que la paix soit à celui qui suit la bonne voie

Propos recueillis par KDBA

 

 

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