ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Said Ahmed Said Abdillah : « Ce dialogue doit être une occasion d’un nouveau départ »

La mission de l’Union africaine à Moroni, la position de l’opposition au dialogue national, et l’absence de plusieurs formations politiques dans le courrier du chef de l’Etat font l’objet de cette interview accordée à Al-fajr. Said Ahmed Said Abdillah estime que « l’Union Africaine n’est pas venue pour notre beauté mais afin de nous éviter le pire. »

Vous n’êtes pas sans savoir qu’une délégation de l’Union africaine en mission à Moroni a rencontré l’opposition, la mouvance présidentielle et la société civile en vue d’un dialogue national. Quelle lecture faites-vous de cette rencontre ?

J’ose espérer que l’Union Africaine ne soit pas une agence de pompe funèbre pour les Comores. Ce n’est pas la première fois que l’Union Africaine nous envoie un émissaire. Depuis la proclamation de notre indépendance, qui reste d’ailleurs inachevée à cause, entre autres, de l’occupation par la France d’une partie de notre territoire, Mayotte, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) est venue pour nous aider à parachever notre indépendance en récupérant notre île, Mayotte. Mais l’organisation de l’Unité Africaine (OUA) a totalement échoué sur ce dossier et l’île est devenue par la force, un département français. L’île sera un jour comorienne par la force et le sang du peuple comorien et non par du palabre. Lors de la crise séparatiste anjouanaise, l’implication de l’organisation de l’Unité Africaine (O.U.A) a envenimé la situation au lieu de la résoudre. La solution de la crise séparatiste anjouanaise a été trouvée entre les comoriens par les accords inter-comoriens à Mohéli, dénommés accords de Fomboni. Aujourd’hui, certes les Comores traversent une multitude des problèmes, sociaux, politiques et économiques mais ils ne seront pas résolus par l’Union Africaine(UA) ou autres organisations internationales. La solution de ces multitudes de problèmes viendra des Comores et des comoriens, plus particulièrement de nos gouvernants en premier lieu. Nos dirigeants actuels doivent savoir que si nous sommes arrivées à cette situation, c’est qu’ils ont échoué. L’Union Africaine se précipite chez nous pour nous éviter le cas malien, tchadien ou guinéen dont personne n’en veut aux Comores. De part et d’autre, nous devrons être humbles et voir la réalité en face et prioriser l’intérêt supérieur de notre jeune nation. L’Union Africaine n’est pas venue pour notre beauté mais afin de nous éviter le pire. Les comoriens veulent bien qu’il y ait des gens, des organismes ou institutions internationales pour les aider pour s’en sortir à défaut de nos dirigeants actuels. Mais chaque chose à son temps et sa place dans l’agencement de priorités, et d’urgence. L’urgence aujourd’hui n’est pas les élections de 2024. Ce dialogue, qui a été accepté par certains comme un morceau d’os emballé d’un peu chair afin de détourner l’attention et les préoccupations du peuple comorien et surtout ses politiciens, doit être une occasion d’un nouveau départ au lieu d’un chaos.

L’opposition est en front commun contre le dialogue. Pensez-vous que ce dialogue se tiendra sans les partis d’oppositions ?

Je ne peux pas m’exprimer au nom de l’opposition mais je n’ai pas compris qu’elle ne veut pas le dialogue. Je pense avoir lu leurs lettres et écouter leurs discours qui m’ont permis de comprendre qu’elle demande un dialogue mais initié et dirigé par des étrangers. Nous devons savoir que personne ne veut s’intéresser à nos misères et que nous ne trouverions une meilleure solution pour notre pays qu’entre nous sans l’intervention extérieure. Pour votre deuxième question, personnellement, je ne suis pas convaincu de la nécessité de faire encore un dialogue national après les assises déjà effectuées. Je le trouve étant un moyen de diversion pour faire oublier le peuple comorien leurs misères quotidiens et d’occuper les politiques. A l’évolution des choses et à la façon dont le processus en amont de ce dialogue est lancé par nos dirigeants actuels, je crains qu’il n’aboutisse pas.

Comment réagissez-vous par rapport à l’absence de certaines formations politiques dans la lettre du président Azali ?

J’avais cru que j’ai été le seul qui ne voulait pas encore un dialogue national qui va dilapider notre temps et nos maigres ressources financières. Mais je me suis aperçu que même ceux qui feignent semblant de vouloir l’organiser font tout pour le saboter. La première étape du sabotage est la façon dont les invitations ont été organisées afin de créer une zizanie au sein des différentes classes politiques nationales, en ignorant totalement la diaspora et en méprisant les rôles des ulémas en particulier le Mufti.

Et le cas de Mouigni Baraka Said Soilihi ?

Il est peut-être le maillon faible du régime au sein de la multitude des fragments de notre opposition nationale.

Propos recueillis par KDBA

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