Alors que la cérémonie de clôture du dialogue national est attendue dimanche prochain, le chef du parti Comores Alternatives a encore une fois répondu à nos questions. Concernant le débat sur l’élection des binationaux, Said Ahmed Said Abdillah a déclaré que «« La double nationalité n’a jamais constitué un problème de gouvernance aux Comores. »

Quelle lecture faites-vous aux thématiques retenues pour ce fameux dialogue ?
Je vous ai dit la dernière fois que ce dialogue est une comédie théâtrale dont le metteur en scène est le leader du CRC. La valeur de chaque chose est à la hauteur de celui qui l’organise. Avant de regarder les thématiques, avez-vous pensé à regarder les personnes qui y participent ? Je ne dévalorise personne mais chaque comorien sensé sait très bien que les hommes et femmes politiques qui ont servi et continuent à servir les Comores n’y sont pas.
Pourquoi ils n’y sont pas d’après vous ?
Il y a plusieurs raisons de leurs absences à ces fameux dialogues dits nationaux. En dehors de l’opposition qui rejette tout venant du pouvoir d’Azali Assoumani, il y a ceux, comme le G10, qui trouvent qu’il ne soit pas sain de parler de dialogue en excluant les vrais antagonistes et acteurs sociaux du pays, comme les ulémas et la diaspora. Il y a ceux qui disent comme nous, que le dialogue est une perte de temps et un gâchis économique pour notre pays au moment où nous devons faire le maximum pour améliorer le quotidien des comoriens. Honnêtement, vous êtes un journaliste qui connaissez notre pays, trouvez-vous normal qu’il y ait des hommes et des femmes politiques qui osent parler de dialogue or, plusieurs personnes croupissent en prisons sans jugement, comme le président Sambi et le gouverneur Salami et d’autres ?
Il a été proposé que le binational, une fois élu, doit renoncer à la nationalité française. Qu’en dites-vous ?
C’est un fumigène, pour détourner les Comoriens du vrai problème du pays que nos dirigeants après plusieurs années aux pouvoirs n’arrivent pas résoudre. La double nationalité n’a jamais constitué un problème de gouvernance aux Comores. Ahmed Abdallah Abdéremane, paix à son âme, a été français et sénateur français et il a su, le moment venu, proclamer d’une manière unilatérale l’indépendance des Comores, le 6 juillet 1975. Il a été le président qui a connu une forte croissance économique de notre pays, non égalée et ni dépassée jusqu’à aujourd’hui. Il avait la double nationalité et mort en martyr en refusant de renouveler le contrat avec les mercenaires et surtout, que les Comoriens le sachent, en envoyant la question de Mayotte aux Nations Unis, par une lettre envoyée directement au secrétaire général. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la diaspora, que certains hommes et femmes politiques méprisent, contribue à plus de 25 % de notre PIB (produit intérieur Brut). Si aujourd’hui, on ose pavaner partout avec notre équipe nationale de football, les Cœlacanthes, c’est grâce aux enfants de la diaspora. Quand on aime les oranges on ne devrait pas haïr ou tuer l’oranger comme le dit bien le comorien. Pour nous, la question n’est pas la nationalité mais l’engagement de la personne pour défendre les intérêts de notre pays. Notre pays a besoin des hommes et femmes politiques qui vont défendre l’indépendance territoriale et économique et monétaire de celui-ci. Or nous regrettons vraiment que ce ne soit pas le cas aujourd’hui et pourtant ils ne sont pas tous binationaux à notre connaissance. Il faudrait, peut-être, vous faire remarquer que ceux qui n’ont pas la double nationalité sont les plus serviles à la France et prompts à se cacher à l’ambassade de France à Moroni en cas de problème.
Etes-vous pour le découpage électoral ?
Non, il nous faudra pour les Comores, un découpage électoral basé sur le nombre des électeurs.
Croyez-vous que le vrai problème, notamment la crise socio-économique, est débattue dans ce dialogue ?
Si nous n’avons pas trouvé l’utilité de cette comédie théâtrale dite dialogue ce que nous savions son unique objectif : celui de pérenniser, par des artifices, le pouvoir d’Azali Assoumani. Or après plusieurs années de pouvoir, les Comores continuent à sombrer dans la misère économique et sociale. Si ce dialogue a été organisé pour débattre la manière de relancer l’économie nationale, ou comment produire le gaz et pétrole dont notre pays regorge, nous l’aurions soutenu. Mais hélas, l’unique objectif de cette comédie théâtrale est la volonté du chef de vouloir rester encore plus au pouvoir or il n’est pas arrêté le temps d’avancer ; il faudra trouver des astuces : dialogue et dialogue. Le pays tourne en rond juste pour satisfaire un clan en oubliant le peuple et le pays.
Comment sortir le pays de ce marasme politique, social et économique ?
Pour l’instant, la solution de sortie est dans la main du président Azali Assoumani. C’est à lui de voir ce qu’il veut laisser comme une trace de son passage aux pouvoirs dans notre pays. Chacun d’entre nous écrit son histoire, pour lui, pour sa famille, pour son pays et le monde. On peut désirer garder le pouvoir aussi longtemps possible mais cela n’est pas possible. Le temps est un couteau à double tranchant, il finit toujours par te couper. Le président Azali Assoumani, peut profiter du peu de temps qui lui reste avant 2024, de relancer une dynamique en faisant juger les hommes politiques, en faisant un gouvernement d’union nationale allant jusqu’à l’opposition radicale mais composé des hommes et des femmes compétents, pas obligatoirement serviles. Je finis mes propos en citant la parole du prophète Muhammad (saw) : « fais ce que tu veux, mais tu seras toujours payé comme tu as prêté. »
Propos recueillis par KDBA