Accusés tantôt de « tentative de coup d’État », tantôt de « trafic de drogue », des marins Malgaches sont entre les mains de la gendarmerie de Mohéli, la plus petite île de l’Union des Comores, depuis début juin.
Plus de deux mois de détention sans aucun jugement. Des marins Malgaches partis de Nosy Be le 22 mai ont mouillé l’ancre sur les eaux des Comores, plus précisément à l’île de Mohéli, le 1er juin. Selon nos informations, ils étaient en détresse à Lazarus, une zone poissonneuse située à 1200 kilomètres de leur point de départ, et 200 kilomètres à l’Ouest de Mohéli.
Une fois sur les eaux comoriennes, ils auraient tenté vainement d’entrer en contact avec la capitainerie du port de Moroni. La gendarmerie a procédé à leur arrestation, et entamé par la suite des fouilles dans le bateau. A la place des armes sur lesquelles gendarmes pensaient qu’ils allaient mettre la main, des poissons et des concombres de mer. Les hommes en treillis n’étaient, visiblement, pas prêts à lâcher prise. Ils sont revenus à la charge, et ont entamé à nouveau la fouille. Rien à signaler, comme l’on dit dans leur jargon. l
Les sept marins, dont cinq sont ceux qui sont en détention dans les locaux de la gendarmerie, ne connaissent toujours pas leur sort, deux mois et deux semaines après. Un d’eux, avec qui nous nous sommes entretenus au téléphone, a l’impression que la justice a remis l’affaire aux calendes grecques. Contacté par nos soins, et à plusieurs reprises, le procureur de Fomboni n’a jamais souhaité aborder le sujet avec nous. Quant à l’autorité portuaire, jusqu’à l’heure où nous bouclions ces lignes, sa directrice générale n’était pas encore revenue vers nous comme convenu. Nos relances sont restées vaines.
Au-delà du mystère qui entoure cette affaire, un des sept marins serait grièvement malade et pris en charge par un Malgache qui a élu domicile dans l’île. « Nous l’avions admis à l’hôpital de Fomboni. Les médecins ont décidé de le faire sortir quand nous n’étions pas en mesure de couvrir les frais d’hospitalisation », regrette son compagnon d’infortune.
Soit dit en passant, Madagascar est l’une des bases arrière d’une partie de l’opposition qui veut chasser du pouvoir le président comorien en 2021. Inssa Mohamed, célèbre sous le surnom de Bobocha, y a été arrêté et extradé à Moroni en juin dernier. Il est présenté comme « le cerveau » de la tentative d’attentat à la mine contre l’avion du chef de l’État Azali Assoumani, en avril dans l’île d’Anjouan.
TM et KDBA